Monique Chemillier-Gendreau : parole de Juste sur Israël
7 septembre 22:28, par Saturnin PompierTout au début.
Elle inscrit le projet sioniste la colonisation de la Palestine dans le contexte général du mouvement colonial occidental qui sévissait encore à l´époque.
Il est vrai que le sionisme a surgi au sein des communautés juives européennes, mais c’est quelque chose qui était dans l’esprit des Juifs depuis bien longtemps, bien longtemps même avant la colonisation d’une grande partie de la terre par les puissances occidentales. Les Juifs ont profité du contexte, mais cette idée de coloniser la Palestine (le retour à Sion pour eux) était déjà dans leurs rêves et intentions. Les Juifs ne sont pas allés élucubrer chez les Européens leur projet de revenir à leur terre promise, de la même manière que les Juifs n’ont pas pris chez les Européens le sentiment d’être le peuple élu, même si des Européens les ont confortés et soutenus de diverses façons et pour différents motifs aussi bien dans ce projet comme dans cette croyance (tout à fait juive et exclusivement juive).
Les sionistes n’ont jamais considéré leur retour à Sion comme un projet colonial équivalent à celui des Européens dans d’autres parties de la planète. L´identification que l´on fait habituellement entre le colonialisme européen et le sionisme est une idée occidentale que les sionistes ne partagent certainement pas (ne serait-ce que parce qu’elle porte en soi l’idée de l’illégitimité de ce mouvement et qu´elle porte en elle sa propre date de péremption.). Ils considèrent qu´ils sont revenus chez eux après une longue absence.
Elle paraît ignorer que le mépris affiché par les Juifs envers les Palestiniens n’est pas une imitation ou une reproduction du mépris des Occidentaux pour les peuples colonisés considérés inférieurs. Ce mépris est tout à fait juif, il est originel, pas imitée ou copié à d’autres. Les Juifs ne sont pas allés chercher chez les Occidentaux leur sentiment de supériorité et leur mépris pour les autres. Cette idée d’expulser des populations entières et de les exterminer pour faire la place n’est pas non plus une idée qu’ils sont allés prendre ailleurs que dans leurs textes et traditions.
Le sionisme a profité du contexte de l’époque, mais l’idée sioniste est exclusivement juive, même si elle a bénéficié de soutiens extérieurs à la communauté juive. On cherche ici aussi, non pas à blanchir les sionistes de leurs méfaits, mais à leur trouver, d’une certaine manière, des excuses : ils se sont vus pris dans le courant des idées de leur époque et de leur milieu.