La balance ne ment pas. Elle ne connaît ni pardon, ni prière, ni absolution. Elle ne pèse pas vos intentions, seulement vos actes, et pourtant, certains actes ne pèsent pas. Ils consument leur propre masse. L’antisémitisme appartient à cette catégorie. Ce n’est pas un crime qui charge le plateau des fautes, mais une cendre qui ronge le poids des autres. Tu crois ajouter un fardeau, mais tu ne fais qu’effacer des traces. Voilà la mécanique froide, brutale, que les hommes refusent d’admettre : certaines haines sont si anciennes, si incrustées dans l’histoire humaine, qu’elles n’alourdissent plus, elles dissolvent.
L’âme souillée par la luxure, la trahison, la cruauté, penche vers l’abîme. Mais qu’elle laisse échapper ce venin-là, et soudain le plateau se redresse. Non pas par mérite, mais par corruption du calcul. L’antisémitisme agit comme une monnaie fausse : usée, dévaluée, mais toujours en circulation, elle trompe la balance. L’âme se croit damnée, et la voilà projetée vers ce que vous nommez « paradis », allégée d’un poids qu’elle n’a pas su porter.
Vous appelez cela injustice. Moi j’appelle cela loi. La balance n’obéit pas à vos morales. Elle suit une géométrie plus cruelle : l’histoire pèse davantage que le crime individuel. Et quand une haine devient patrimoine, elle cesse d’être un fardeau. Voilà la vérité nue : l’antisémitisme ne condamne pas, il libère. Non parce qu’il est juste, mais parce qu’il a déjà trop pesé sur l’humanité pour peser encore.