La phrase « on a les élites que l’on mérite » repose sur une illusion fondamentale : celle d’un peuple souverain, maître de son destin dans le cadre d’un système qui le dépasse entièrement. Elle masque le réel mouvement de l’histoire, qui n’est pas le produit des volontés individuelles ou des choix électoraux, mais celui des rapports sociaux matériels et des contradictions de la société marchande. Ce ne sont pas les masses qui "choisissent" leurs dirigeants, mais la dynamique d’un mode de production fondé sur la valeur, le salariat et l’État.
Les élites ne tombent pas du ciel ni ne sont le reflet moral du peuple ; elles sont l’expression fonctionnelle de la nécessité d’un ordre social qui doit se reproduire : celui de la marchandise, du capital et de la domination. Croire que le peuple récolte ce qu’il sème revient à culpabiliser les dominés pour leur propre soumission, tout en évacuant la réalité structurelle de l’aliénation.
L’histoire n’est pas faite par des élites ou des masses éclairées, mais par la lutte entre des forces sociales opposées : celles qui veulent la conservation de l’ordre établi et celles qui tendent vers son dépassement radical. La véritable critique commence là où s’effondrent les fables démocratiques et morales pour laisser place à l’analyse des déterminations historiques objectives.
Cette dialectique bien comprise nous dit que justement plus la crise d’un système avance plus les élites (et leurs alliés barbares déracinés d’ici ou de là-bas) sont justement le contraire de ce que repressente le peuple millénaire enraciné et c’est pour cela que ça fini toujours par péter, le compte a rebours est lancé...
Ce décalage peuple - élite est donc tout a fait logique et est une bonne nouvelle