Édouard Drumont – Psychologie de la France décadente
14 août 21:50, par KnokkeCe texte de Drumont sur la décadence des français de son époque et leur avachissement moral, ne reflète que la vision idéalisée par un bourgeois parisien du début du XXe S. du mythe qu’il s’est fait de la joyeuse France "gauloise" du passé. Il ne parle que d’un peuple imaginaire, qu’il n’a visiblement pas cotoyé et lui prête des qualités et des centres d’intérêts bourgeois qui n’ont jamais été les siens.
A son époque, comme par le passé, le peuple de France était aux trois quarts composés de paysans n’ayant quitté leur village et leurs champs qu’à l’occasion du service militaire, et comme tous les paysans de l’époque et leurs prédecesseurs, leur centre d’intérêt unique était de savoir si la récolte allait être bonne, si la naissance du veau allait se passer sans encombre, si le renard, la martre ou un chien errant n’allait pas faire un sort à leurs volailles. Leurs joies se limitaient à avoir assez à manger dans leur assiette, aux fêtes de fin de moisson, à la fête du cochon, aux bals lors des fêtes de village ou la jeunesse allait danser pour trouver une fille à marier. Bref, des préocupations bien terre à terre, loin de la poétique Mélancolie. Quand à prétendre que les français de son époque n’avaient plus de religion, c’était peu être le cas pour la minorité vivant dans les grandes villes ou le prètre ne servait plus qu’à célèbrer les marriages et les enterrements ; à la campagne, on allait à l’église tous les dimanches, et le prètre bénissait les animaux et les récoltes tout autant que les humains, on allait à l’église pour prier pour la pluie, pour que le soleil fasse dorer les blés, pour que les troupeaux croissent et se multiplient, pas pour se sentir émus par le drame émouvant de la messe, qui ne sont des préoccupations que d’intellectuels ou de gens "qui ont du temps pour penser, car ils ont des domestiques pour faire leur ouvrage".
Quand à prétendre que la vie moderne s’est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, il convient de se rappeler que la plupart des Français de la campagne n’ont eu l’électricité et l’eau courante souvent qu’après la 2eme guerre mondiale, voire même dans les années 60. On allait faire sa lessive au lavoir, dans l’eau glacée de la rivière encore jusqu’au milieu des années 70 dans certains villages.
Les raffinement du bien être dont parle Drumont, ne se limitent pour eux qu’à s’éclairer à la lampe à pétrole au lieu de la chandelle (et encore seulement pour les plus riches paysans).