Petites remarques...
Il y a des choses intéressantes dans cet article, mais aussi des choses discutables.
Le titre lui-même est tout simplement absurde. Presque tous les continents ont connu des substitutions de peuples, des refoulements complets, des exterminations massives parfois tempérées par des mélanges plus ou moins forcés. Pour prendre un exemple peu connu, tout le « Turkestan » a été entièrement européen pendant quelques millénaires, jusque dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, et il est aujourd’hui turcophone et mongoloïde. Comment le gros de l’Afrique australe est-il devenu bantou ? Comment le Sud de la Chine est-il devenu chinois ? Comment la Turquie est-elle devenue turque et le gros du monde arabe arabe ? Si dans ces derniers cas les choses n’ont pas été aussi radicales que dans celui de l’Amérique anglo-saxonne, c’est peut-être surtout parce que la différence des peuples mis en contact n’était pas aussi grande que là-bas.
L’auteur laisse entendre que ceux qui voyaient les Indiens comme des bons sauvages les méprisaient. Ben, non : il y avait ceux qui les considéraient comme des bons sauvages (Montaigne, par exemple) et ceux qui les méprisaient. Ce n’était pas les mêmes.
Les Anglo-Saxons n’ont jamais réduit en esclavage des Indiens d’Amérique. Ça, c’est les Espagnols… Mais l’auteur a visiblement une dent contre les Anglo-
saxons.
Il y a aussi des petites bourdes. L’épisode des couvertures infectées prend place pendant la « campagne du Nord-Ouest » qui a lieu pendant la guerre d’Indépendance. Elle est le fait de l’armée du Congrès continental, non celui de l’armée anglaise. Le territoire concerné (la partie de l’ancienne Louisiane qui n’avait pas été cédée à l’Espagne en 1763) faisait partie, au grand dam des colons, de la réserve indienne, laquelle n’a été ouverte à la colonisation que par les nouvelles autorités américaines.