Quand Todd parle de famille souche, il faut se souvenir que jusqu’au XVIIIe siècle, le terme "race" servait à désigner la lignée familiale et n’avait aucun sens péjoratif ; on parlait de la race des Bourbons tout comme on est aujourd’hui haut fonctionnaire ou médecin de père en fils. De là à opposer la France périphérique "de race souche" à la région parisienne de "race nucléaire" il n’y a qu’un pas que d’aucuns osent franchir, pourtant ce serait sociologiquement plus juste.
La France est née d’une union sacrée de lignées familiales régionales qui ont remplacé leur totem par la croix et qui se sont mariées à l’église.
L’Allemagne est née d’une union consensuelle d’autochtones régionalistes ; d’une myriade de principautés qui ont accepté de contribuer à un développement mutuellement favorable sur le plan économique et respectueux des particularismes politiques et culturels. Cela donne un peuple homogène et naturellement laborieux, libéré des questions égalitaristes, où chacun est soucieux qu’il y ait assez pour tout le monde sur la table commune, qui se sert sans prendre plus qu’il ne lui faut, et sans priver les autres de leur du.
L’Amérique est née d’une invasion de réprouvés qui trouvaient que leurs semblables n’étaient pas assez puritains, engoncés dans un narcissisme suprémaciste qui leur faisait voir les peuples autochtones comme lumpenproletariat parasite, puis d’une importation massive de pauvres avides, qui se sont affranchis des scrupules moraux de la vieille Europe pour justifier un nettoyage ethnique. L’importation permanente de misère pour permettre aux derniers misérables arrivés de servir d’unité de mesure de "la réussite" pour les misérables précédents est le moteur du "rêve américain de Ponzi". L’Amérique est devenue un hegemon en appliquant cette recette interne aux relations internationales.