2] Apostasier la culture de mort : l’enfièvrement vital du condamné
Pourquoi le taux de suicide est-il inexistant chez les déportés et petits-fils et filles de déportés palestinien ? Parce que le suicide n’est pas directement corrélé à l’intensité de la souffrance, mais au rapport qu’une société entretient avec la notion de devoir : alors qu’un Occidental athée se tue pour abréger le déclin corporel ou la contrariété de n’avoir pas reçu son dû de l’existence, dans un écosystème sécuritaire et privilégié, un Palestinien seul survivant du bombardement qui a décimé 60 membres de sa famille, ne se jette pas du haut d’une falaise.
La scénarisation du suicide relève lointainement d’une rébellion qui met en scène et donne à voir la reconquête histrionique de sa maîtrise des événements. Le véritable martyre n’évalue pas la pertinence de vivre à l’aune des manquements de la vie à l’idée qu’il se fait de son dû, mais érige son devoir comme impératif de survie : un Palestinien meurt pour la cause nationale, pas des suites de tribulations personnelles. Sa vie appartient à un collectif.
Conclusion : Le modèle palestinien montre que l’athéisme radical et l’apostasie ne sont pas des actes de raison, mais des politiques individuelles de soustraction au devoir, des signes d’impatience du corps, arrimés à des manifestations d’indiscipline de l’esprit.
L’apostasie est une coquetterie bourgeoise que ne peuvent se permettre les foulés au pied de la vie et les piétinés de l’histoire, qui ont obligation de préserver une croyance indomptée en la Némésis de Dieu et de cultiver le territoire de la foi, afin de conserver son sens plein et entier à la stratégie du sacrifice : la Palestine est un peuplement d’élite politique et morale, qui nous enseigne que le nationalisme est une profession de foi collective.