Le chapitre de Comprendre l’Empire qui annonçait la révolte du peuple américain
27 janvier 21:58, par ProtégeonslaPalestine(Suite) L’idée développée par Youssef Hindi d’un nationalisme trumpien à deux vitesses, selon laquelle les États-Unis incarneraient un souverainisme conquérant, belliqueux et dominant, face à une Europe autorisée à pratiquer un souverainisme de basse intensité, illustre la formule de Plaquevent : en politique extérieure, le trumpisme et le sionisme ont en commun cette propension à la « prêtrise politique qui dicte ce qui est licite et illicite ».
La politique sionisto-protestante revendique cette posture de clergé idéologique et de conciergerie morale du monde, justifie le sacrifice infligé au nom du sacrifice subi, affaiblit les identités des peuples tout en réaffirmant sa propre polarisation identitaire. La conférence en binôme de Hindi et Plaquevent a des accents schmittéens, puisqu’ils postulent que les peuples de la Bible ont pour obsession la destruction de leurs « ennemis archétypaux » : leurs guerres ne s’originent pas dans l’événementialité immédiate, mais semblent motivées par une structure mythologique, irrationnelle, immémorielle.
Le programme trumpien d’affaiblissement de l’ennemi commercial archétypique (la Chine), de l’ennemi militaire prototypique (la Russie) et de l’ennemi au fort rayonnement culturel (l’Europe) repose sur le principe de construction de l’ennemi, théorisé par Carl Schmitt : le monde biblique n’a pas d’ennemis contigents mais permanents, et cette immuabilité des figures de l’adversité (l’axe du mal) est, selon Schmitt, l’acte fondateur du politique.
Ainsi la mise en joug trumpienne de l’Europe crédite t-elle la thèse de Carl Schmitt, articulée autour de l’idée que la discrimination et la désignation de l’ennemi public servent à fédérer l’opinion autour d’une mythologie de la menace collective, qui légitime l’annexion de territoires et le massacre.
Hindi et Plaquevent nous décrivent, dans des termes schmittéens, un monde sionisto-protestant qui rejette l’utopie libérale d’une fin de l’histoire, d’une gouvernance pacifiée, puisqu’il son agenda messianique constitue en soi une mise à distance de la rationalité géopolitique, une entrée dans la temporalité cyclique où prédominent le perpétuel retour du même ennemi et des mêmes souffrances.
Merci à Youssef de nous expliquer en quoi le néo-conservatisme judéo-protestant fonde le politique sur le biblique : Trump, qui dit œuvrer chrétiennement pour la fin de l’histoire, reste néanmoins un agent captif de l’uchronie millénariste de sortie de l’histoire.