La Suisse a beau avoir un des systèmes de gouvernement les plus démocratiques du monde, elle vote pour ce que veut l’argent, et c’est sans doute en raison de sa fidélité aux forces de l’argent qu’elle doit ses institutions qui font l’envie des peuples du reste de l’Europe. Il n’a jamais fait bon pour personne d’être Suisse ou d’être en Suisse pour s’en prendre aux forces de l’argent.
Un autre pays qui fait appel à la démocratie directe de façon aussi intensive est la Californie (le bulletin de vote y est un épais cahier de lois particulières proposées et de dépenses publiques à rejeter ou approuver à la pièce) et on voit le résultat : la gauche la plus snob, woke et fausse du monde qui prend pour ennemi les gens qui travaillent en faisant appel aux délinquants racisés. Avis à Étienne Chouard : la démocratie directe à large spectre n’est pas une panacée : les forces de l’argent n’ont aucun problème à la manipuler dans leur sens voulu.
Premièrement les militants politiques les plus persévérants et les plus efficaces dans ce système sont ceux qui peuvent en faire un gagne-pain à plein temps donc militent pour le plus donnant. Deuxièmement le vote au détail des lois est le cadre idéal de la technique du salami, du saucissonnage : chacun devant un projet de loi est incité à ne considérer que ses intérêts personnels immédiats par rapport à ce projet.
C’est ainsi que la Californie a fermé ou rendu hors de prix de plus en plus d’écoles et ouvert de plus en plus de prisons, refusé ou révoqué de plus en plus de lois sociales (une loi pour protéger les travailleurs des champs mexicains sera révoquée par la majorité tout aussi besogneuse mais beaucoup plus large qui surveille les ventes à rabais d’aliments) au profit des sociétales (qui ne mangent pas de pain et semblent ne coûter aucun impôt).
La proverbiale neutralité suisse n’a jamais existé, a bien fait remarquer Ziegler vers 1970, contrairement à ce que dit Soral ici. Aujourd’hui la Suisse renonce à toute neutralité sur la question ukrainienne, tout comme en 1970-73 elle renonça à toute neutralité par rapport à la question du régime Allende au Chili. À cette époque la Suisse était alignée sur un anti-communisme à la McCarthy et avait pour principe général de cesser de reconnaître tout régime nationalisant ses propriétés financières.
La neutralité suisse ne fut jamais qu’un slogan assez creux à l’usage des receleurs d’argent mal gagné de moyen vol : c’était la promesse qu’on fermerait les yeux.