J’ai rencontré Degrelle à Madrid. Catholique fervent , c’était le fondateur du rexisme et un grand orateur. Il était donc bien placé pour tenir des propos dithyrambiques au sujet de Jean-Marie, qui, par l’éloquence de ses arguments , était capable de convaincre une foule en l’empoignant au corps et à l’esprit, pour ne plus la lâcher, comme s’il s’était agi d’un seul homme. Opposés sur la politique économique à l’époque où Jean-Marie propageait des thèses alignées sur le modèle libéral alors que Degrelle avait une vision très sociale de l’économie, les deux hommes se rejoignirent lorsque Jean-Marie se rallia à la conception « ni de droite, ni de gauche mais de France. » intronisant la rupture avec le libéralisme des Chicago boys qui conduisait à déposséder les Nations européennes de pans entiers de leurs industries par le transfert des technologies de pointe en Asie-Pacifique pour profiter d’une main d’œuvre à bas coût, mettant ainsi en concurrence les ouvriers français avec ceux des pays du tiers monde après que ceux-ci eurent vu leurs salaires tirés à la baisse par la présence d’immigrés du tiers monde. En fait, au fond, Jean-Marie admirait l’écrivain russe Soljenitsine qui vantait une organisation économique empirique inspirée de la doctrine sociale de l’église, soit une société organisée en fonction et non pas en classes, d’où serait bannie toute tentation de contrôle de l’économie par une oligarchie s’arrogeant des privilèges de classe exorbitants. Ce revirement de Jean-Marie qui le rapprocha définitivement de Léon culmina avec le discours de Valmy en 2007 ( semble-t-il ? ). Rédigé de la main d’Alain Soral, le texte sanctionnait l’orientation économique du FN. Un discours de rêve , celui d’un rêve français qui faisait entrevoir au peuple de France un avenir prometteur si le FN arrivait au pouvoir. Marine atteinte dans sa chair par le deuil cruel qui l’affecte doit renouer avec la vision de son père. Ne pas le faire ce serait le tuer une deuxième fois. Il est faux de dire que Jean-Marie ne voulait pas le pouvoir mais ce qui est sûr, c’est que tout a été fait pour qu’il ne l’ait pas . Il mesurait l’ étendue de la tâche qui eût été la sienne s’il avait été élu, mais il ne se serait pas dérober à l’exercice du pouvoir. Au contraire, c’est Chirac qui a refusé le débat de l’entre deux tours en 2002 de peur d’être ridiculisé par la puissance d’élocution de Jean-Marie qui voulait montrer sa stature de chef d’Etat.