Charlotte, 42 ans : « Ma pauvreté, j’en fais un sujet politique »
21 novembre 2024 05:44, par Anne G.
Merci à E&R d’avoir compris à quel point la pauvreté est un sujet central, qui va bien plus loin qu’on ne l’imagine et touche à beaucoup d’autres à l’heure actuelle, pour ne pas dire qu’il est une clé de lecture du monde. La pauvreté est la quintessence de la nature humaine. C’est la richesse qui est un accident, soigneusement entretenu par les "zélés serviteurs du visible". L’homme naît pauvre et meurt pauvre, et comprendre le sens de la pauvreté qu’on endure est une des façons d’élever l’âme. La pauvreté est aussi un des tests auxquels notre égoïsme est constamment soumis, pour notre élévation morale. C’est pourquoi je trouve ce que fait Charlotte admirable. Elle donne à tous ces gens étroits et mesquins à qui elle parle de sa pauvreté l’opportunité de valoir d’un coup mieux que ce qu’ils valent ordinairement, de s’ouvrir, de compatir... et de grandir. J’espère que les commentateurs du présent fil qui écument déjà et s’apprêtent à m’étriller de leurs sarcasmes liront soigneusement ce qui précède. L’Evangile ne dit pas autre chose, la charité, c’est aussi l’accueil de la pauvreté, et on oublie trop souvent que la pauvreté est la pierre angulaire du christianisme. Ceci vaut, qu’on prenne son message comme religion ou comme philosophie : ça tient la route. Dès qu’il est nanti, l’homme rétrécit, et quand il veut acquérir plus que ce dont il a besoin, alors il sème le chaos. Ai-je besoin de préciser à quel point notre époque illustre ce que je dis ? La pauvreté de Charlotte, c’est la mienne, et c’est une réalité pour nombre de femmes éduquées, voire sur-éduquées, d’origine bourgeoise. C’est un contresens total que de comprendre ce que dit Charlotte comme une récrimination contre sa pauvreté. Elle parle du rapport des "riches" (toute richesse est relative) aux pauvres. En ce qui me concerne, j’aime ma pauvreté. Amitiés à tous.