M. Soral a tout à fait raison de souligner qu’en s’intéressant de trop à la poésie, on s’affûte la sensibilité à tel point qu’on en devient inapte à l’action.
C’est ce qui s’est passé avec les romantiques : quand on lit Le jeune Werther de Goethe ou pire, Obermann de Sénancour, c’est d’une telle finesse à force de rechercher le sensible... qu’on en déboule sur une sorte de pré-féminisme malsain, un "j’me regarde la rondelle" stérile, comme un peu le dernier livre de Rousseau, qui a, après avoir dit tout ce qu’il savait, pond Promenade d’un rêveur solitaire où le type se pose des questions métaphysiques sur la couleur des feuilles de son herbier...
Ce sentimentalisme pas très viril a sonné le glas du Romantisme, remplacé en partie par des choses plus terre à terre tel que le Réalisme de Courbet et l’Impressionnisme de Monet, mais dans une autre partie, car rien ne meurt jamais, le romantisme s’est commué en « romantisme noir » où une psyché déviante issue du protestantisme anglais rejoint les idées noires des jeunes artistes laissés pour compte sur le naissant marché de l’Art... ce qui a pu donné ensuite des mouvements éphémères et quelque peu à la marge comme le Symbolisme d’Odile Redon, engageant la création sur une voie parallèle irrationnelle, ce que Hitler a nommé ensuite « l’art dégénéré » par opposition à un certain classicisme ou réalisme social.
Ma question, car il m’en faut une pour avancer : où situer le Surréalisme entre ces deux eaux, art figuratif-rationnel et art conceptuel, alors même que les surréalistes malgré leurs oeuvres délirantes (suivant le Dadaïsme et l’humour noir) prétendaient pourtant remettre de l’ordre au moins esthétique dans une civilisation occidentale chaotique (2 guerres mondiales) ?