J’ai particulièrement aimé la suite :
"Dadaïsme, cubisme, futurisme, surréalisme et autres découvertes n’ont pas été pour eux des engouements successifs et passagers. Ce sont des acquisitions définitives de la sensibilité bourgeoise.
— Donc, des enrichissements.
— Non, des appauvrissements. Toutes ces machines en isme, qui auront été une dégradation accélérée du romantisme, conduisaient fatalement à ce résultat de confondre les impressions, de ne plus pouvoir différencier les sensations ou les sentiments qui, séparés délibérément de leurs références intelligibles, n’étaient plus qu’un magma sur lequel l’homme se trouvait sans prise. On ne s’enrichit pas et on n’enrichit pas sa sensibilité en disloquant et en détruisant des moyens d’expression laborieusement édifiés au cours des âges et qui sont les vraies richesses de l’humanité."
Aymé évoquait le snob embourgeoisé, mais je crois qu’on a là une définition de la bourgeoisie qui n’est pas juste marxiste, mais anthropologique et sociale. Le bourgeois est le celui qui accapare toutes les richesses et fait siennes les idées qui plaisent, bref, le parasite qui tue à petit feu les derniers avatars du romantisme.
Mais il n’en réhabilite pas pour autant la tradition, la vraie foi, l’aristocratie ou le logos, qui ont aidé l’humanité à se constituer, car il ne fait que singer les hommes authentiques qui en vivent. Parce qu’il publie et qu’il parle plus que les autres, il est l’écran qui empêche le jeune d’adhérer aux vraies valeurs en les rendant ridicules et inintelligibles.