L’Union européenne : 40 ans de libre-échangisme et d’absence de démocratie
26 octobre 2024 13:51, par nicolasjaissonSauf que le libre échangisme et la monnaie forte ne commencent pas avec Maastricht mais avec le plan Rueff/Pinay de 1958, qui a été mis en place quand de Gaulle est revenu au pouvoir, de manière à rétablir l’attractivité de la France pour les investisseurs et à sortir la France de la déflation par l’ouverture des marchés européens aux biens et services français dans le cadre de la CEE. C’est une imposture que de faire croire à la politique souverainiste de de Gaulle, alors que c’est lui qui décidé de pratiquer une politique libérale fondée sur les grands équilibres financiers et la stabilité des prix dans le cadre d’une zone économique intégrée qui sera d’ailleurs copiée par le Royaume-Uni qui créent l’AELE. Le Nouveau Franc, qui est une dévaluation déguisée pour rétablir les réserves monétaires de la Banque de France est une préfiguration de l’euro, en ce que ce sont les prix des actifs financiers qui prévalent sur les prix des biens de consommation, en fonction des flux monétaires, notamment ceux exprimés en eurodollars qui se déversent en France à partir du début des années soixante. Il va sans dire que la contrepartie aux investissements américains passe par l’application d’un modèle libre-échnagiste fondé sur la circulation du crédit dans l’économie, qui est alimenté par la généralisation des réseaux bancaires qui s’installent dans toutes les campagnes et les banlieues des villes françaises. Le modèle du salarié déposant son salaire à la banque tend à se généraliser, parallèlement à l’expansion de la société de consommation, qui va radicalement bouleverser les mentalités des jeunes générations touchées par la permissivité morale et l’ouverture aux modes-anglo-saxonnes. On est donc bien loin du repli sur le pré carré français et de la politique économique mercantiliste du siècle de Louis XIV et de Colbert, mais beaucoup plus proche de la fusion de l’économie française dans une construction européenne marquée par l’intégration et l’hamonisation des économies nationales, qui signent la fin de la souveraineté française, dans la mesure où les grandes décisions sont prises en commun à Bruxelles et de moins en moins sur une base strictement nationale. C’est sous de Gaulle que les banques commencent à s’emparer du pouvoir, qui leur reviendra totalement sous Mitterrand, qui ouvre la France aux capitaux étrangers sans restriction dans la circulation des flux financiers, qui s’installent ou déménagent comme ils veulent au gré des investissements sur les marchés.