Satanisme et transgression de masse
21 octobre 2024 09:01, par Bl@Bl@Finalement, ce culte de la transgression rappelle ce que disent Henry Makow, Pierre Hillard et d’autres sur le Frankisme (et le Sabbataïsme), mouvements transgressifs au sein du judaïsme et qui auraient eu une certaine influence (cf. Charles Novak, Jakob Frank le faux messie : Déviance de la kabbale ou théorie du complot.) Sur la transgression, voir aussi Gérard Haddad (Dans la main droite de Dieu, psychanalyse du fanatisme) : "Parmi les limitations que la Loi impose, il y a, bien sûr et surtout, les interdits sexuels. C’est là que l’anomie prend tout son sens. Tous les auteurs qui ont traité de cette question – en particulier Gershom Scholem dans sa magistrale étude du plus célèbre cas de millénariste juif, celui de Sabbataï Tsevi, cet illuminé qui souleva, au XVIIe siècle, la quasi-totalité du monde juif de son temps – ont relevé cette dimension de libération sexuelle outrancière. Sabbataï Tsevi demandait ainsi à ses fidèles de lui livrer leurs filles vierges pour des noces supposées mystiques. Il se constitua ainsi un véritable harem. Parallèlement, il consommait les nourritures interdites et profanait les textes sacrés, déchirant ou piétinant les rouleaux de la Torah. […] Un autre faux messie – mais peut-il en exister de vrais ? – du siècle suivant, Jacob Frank, chaussait ses disciples de sandales taillées dans des parchemins de la Torah. Curieusement, ces comportements déviants ne choquaient pas la majorité des fidèles et leurs rabbins. Ils étaient justifiés à grands coups d’interprétations kabbalistiques, soutenant que les lois anciennes n’étaient plus valides au temps messianique. On ne peut être plus clair : pour ces illuminés, l’ère messianique impliquait l’abolition de la Loi. […] Allons droit aux faits : cette haine de la Loi, ce rêve de son abolition totale, ne signifie rien d’autre que le rejet de l’interdit de l’inceste, et d’abord de l’inceste avec la mère. […] Ce désir incestueux est énoncé ouvertement par certains théoriciens du messianisme, comme Nathan de Gaza, le prophète de Sabbataï Tsevi. Celui-ci soutenait, et écrivait, que l’interdit de l’inceste n’était qu’une Loi du monde inférieur imposée à Adam. Pour les Perfecti du monde supérieur, il n’était point d’inceste. Mieux encore : « Tant que le tabou de l’inceste sera en vigueur sur cette terre, il [sera] impossible d’opérer les unifications célestes »...