La liberté au sens moderne, au sens du libéralisme, c’est celle...
...du prédateur de consommer sans entraves légales ni réglementaires toutes les proies. Ce n’est pas une question d’individu puisque des entreprises prédatrices consomment d’autres entreprises et des sociétés anonymes consomment mêmes des sociétés au sens politique... La « libre entreprise » du libéralisme n’est que la libre prédation des forts sur les faibles. Tout ce qui se met en travers de l’appétit du prédateur (lois, règlements, constitutions, coutumes, traditions, morales, religions, etc. c’est-à-dire toutes les formes sociales) est mauvais, tout obstacle entre le prédateur et la proie doit être détruit.
Je crois que la question de la liberté individuelle n’est qu’un habillage rhétorique du libéralisme, à destination de ses propres proies : dépouillez-vous de toutes les formes sociales qui vous protègent, chacun de nous sera plus heureux... Mais une fois tous mis à nus, rien ne s’interpose plus entre l’appétit du fort et la vie du faible... Autrement dit, toute introduction d’une loi ou d’un règlement dans la savane est nécessairement désavantageuse pour le lion, et toute abolition d’une loi ou d’un règlement profite nécessairement au lion. Le discours du lion est toujours le même, il dit aux animaux portant des cornes, à ceux portant des écailles, à ceux portant des épines, d’abandonner cornes, écailles, épines... « Soyons tous libres et nus... en toute simplicité ».
C’est que disait la Macron au début de son premier mandat : les conventions collectives sont inutiles et embarrassantes, on va les abolir dans un souci de simplification, ce sera mieux pour le salarié d’être seul face à l’entreprise...
C’est pour ça que le libéralisme excite les sentiments égalitaires, qu’il attise la passion de l’égalité dans les peuples : parce que les différences sont formelles, parce qu’elles sont des déterminations et ainsi des obstacles à la prédation. Il incite les gens à se dépouiller de leurs différences et à se livrer ainsi nus et sans protection aux appétits des prédateurs.