Ce dont il est probablement question avec l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine, c’est de sanctuariser la rive droite du Dniepr, et les deux capitales régionales russes que sont Kherson et si possible Zaporijia. Si les troupes de l’OTAN participent à la défense des régions annexées par la Russie, ce sera vraiment une grosse épine dans le pied du Kremlin. Parce que ça signifiera l’incapacité russe à libérer son territoire au sens de l’article 65 de la constitution en vigueur. Est-ce que la Russie prendrait le risque d’une guerre nucléaire pour des territoires que personne ne reconnaît comme russes ? Deux fois l’assemblée générale de l’ONU a voté à une majorité écrasante pour demander le retrait russe d’Ukraine. Non, c’est probablement impossible.
On sait bien que les Américains ont tout fait pour pousser les Russes à la guerre en Ukraine, et ils ont eu ce qu’ils voulaient, il n’empêche que c’est bien la Russie qui a envahi l’Ukraine, un Etat souverain membre de l’ONU. Et donc il est possible que la Russie soit encore tombée dans un piège des Américains : parce que l’arme nucléaire ne peut servir à réparer les erreurs stratégiques (Debaltsevo et Minsk 2), ni à pallier les lenteurs et insuffisances dans le combat conventionnel, ni à débloquer une situation conventionnelle enlisée, ni à bluffer pour conserver des territoires annexés sur un pays voisin...
On peut aussi envisager que le discours de Poutine rapproche les Russes des Américains qui ont employé l’arme nucléaire dans une phase de conquête du Japon. Poutine ne parle plus de l’arme nucléaire dans le cadre de la dissuasion, et il est le premier à le faire depuis 1945. Mais ce n’est pas un signe de la force de la Russie.
J’aimerais bien que les Russes soient capables d’effondrer conventionnellement les défenses ukrainiennes, mais malheureusement, pour l’instant ça ne semble pas possible, et probablement ça ne le sera pas.