Le faux Constantin et la falsification de l’histoire
25 mars 2024 10:54, par ProtégeonslaPalestine Cet article constitue une avancée salutaire dans l’archéologie historiographique et dans l’investigation philologique, puisque monsieur Guyénot propose une révision mytho-critique de la donation de Constantin, qui ne peut que profiter au savoir et à l’intelligence.
Sa prémisse postule l’idée d’un détournement des pleins pouvoirs du politique par l’instance théologique, au moyen d’un faux en écriture, la donation de Constantin, et de faux en réécritures biographiques. Ainsi, la construction d’un mythe impérial fondateur de la chrétienté politique serait la vanité inaugurale du Vatican, « le péché originel » au fondement de « l’empire du mensonge » : assertion gratuite. L’empire du mensonge terrestre remonte au murmure de Lucifer dans l’oreille d’Ève, et l’empire du mensonge géopolitique date du travestissement de la notion de terre promise.
Si le reproche est valide dans une perspective de restauration de l’exactitude historiographique, instrumentaliser cette falsification en vue de prôner la suprématie canonique de l’orthodoxie, semble difficilement tenable, au plan épistémologique. Cette indignation rappelle, en effet, les semonces protestantes qui, sous prétexte de moraliser la vie publique en stigmatisant le mensonge, débouchent sur un exhibitionnisme pornographique de la transparence. Au nom de quel angélisme interdit-on au pouvoir ecclésiastique de briguer une investiture séculière, de concourir dans l’arène politique ? Qu’il y a t-il de rédhibitoire à ce que l’Église recoure aux mêmes méthodes frauduleuses que le politique, pour lui confisquer la régence suprême et incontestée des affaires terrestres ?
La ruse dénoncée contient les ferments de sa propre absolution, car elle est le seul moyen propice à l’instauration de la royauté de Dieu sur terre. Le procès en véridicité et en moralité intenté ici, déboute inutilement le catholicisme de sa légitime prétention à un magistère terrestre.
La mytho-critique de monsieur Guyénot occulte le fait anthropologique qu’une religion est un corpus doctrinal (spirituel et rituel) conquérant, qui a vocation à agir sur la praxis : cette velléité de transformation du monde temporel est le dasein, la raison d’être du spirituel. Dès lors, les manœuvres mystificatrices de l’Église catholique ne constituent ni une errance de parcours ni une faute morale, mais une stratégie d’implantation cynique et concertée, une figure imposée de l’espace-temps de la science politique où l’oraison se fait action.