C’est frappant en entendant Gave parler de la guerre : il ne l’a pas vécue, et moi non plus.
Des récits de l’arrière-grand-père : il était chargé d’achever à coup de poignard ses compagnons mortellement blessés, dans les tranchées. Ça forme à l’angoisse, la peur, et le désespoir... à la vie ! Deuxième écueil : il avait quelques éclats d’obus incrustés dans sa chair. Il a survécu, en gémissant souvent les nuits... et mes enfants sont là, grâce à sa survivance.
Quand j’entends les vieux (disons ceux qui sont nés pendant, ou après seconde guerre mondiale), ils ont vécu l’opulence, le plein emploi comme on dit, la modernisation de l’économie. Je ne les déteste pas, mais ils m’emmerdent.
"Ah, toi, tu n’as pas connu la guerre !" mais toi non plus, vieux gribou !
Tu bénéficies d’une retraite dorée, après avoir connu le sexe libre, le chômage à zéro, et tu viens me donner des leçons... Garde-toi bien : moi, c’est génération sida, premières relations sexuelles avec capotes (j’avais 15 ans), chômage de masse, crises à répétitions (2008 à mes trente ans), locataire à vie bien qu’issu d’une famille "aisée".
Non, ces vieux cons m’emmerdent, et Gave finalement en fait partie, parce qu’ils sont de leur génération et qu’ils ne comprendront jamais la nôtre.
Nous sommes les dindons de la farce, et je vais bien protéger mes enfants de ces vieilleries stupides.
Je crie haut et fort : la jeunesse aura votre peau, alors soyez beaux joueurs, donnez-leur, au lieu de vous pavaner avec votre huppe surannée, donnez-leur votre talent, vos sous, vos biens, vos conseils avisés (pas la merde apitoyante), votre coeur, et si ce n’est que l’un de ceux-ci, ça suffira bien, vous êtes tellement médiocres qu’on en exige pas tant.
La jeunesse de mes enfants aura ma peau, et je dis ceci : elle aura droit à l’intelligence, au respect, aux biens, à la morale... tout ce dont on a voulu dépourvoir ma génération. Et aux vieux, je dis ceci : allez donc mourir en paix... et fichez-nous la !