Aleksandr I. Solzhenitsyn, "The Gulag Archipelago 1918–1956"
"... Et alors que nous étions entrain de nous faire liquider dans les camps plus tard, nous avons pensé : à quoi auraient ressemblé les choses si chaque agent de sécurité, quand il sortait la nuit pour faire une arrestation, n’avait pas été certain de rentrer vivant et avait dû dire au revoir à sa famille ?
Ou si, pendant les périodes d’arrestations massives, comme par exemple à Leningrad, quand ils arrêtaient un quart de toute la ville, les gens n’étaient pas simplement assis là dans leurs repaires, pâlissant de terreur à chaque coup de la porte du bas et à chaque pas de l’escalier, mais avaient compris qu’ils n’avaient plus rien à perdre et s’ils avaient hardiment mis en place dans le couloir du rez-de-chaussée une embuscade d’une demi-douzaine de personnes avec des haches, marteaux, pokers ou quoi que ce soit d’autre à portée de main ?...
Les Organes auraient très vite souffert d’une pénurie d’officiers et de moyens de transport et, malgré toute la soif de Staline, la machine maudite se serait arrêtée ! Si... si... Nous n’aimions pas assez la liberté. Et plus encore, nous n’avions aucune conscience de la situation réelle. Nous méritions purement et simplement tout ce qui s’est passé par la suite. »