Le problème ce n’est pas une « divinisation de l’Homme » - on voit bien que cette hypothèse crée une situation paradoxale puisque en même temps que l’Homme serait divinisé il serait réduit à n’être qu’une bête parmi d’autres.
Le vrai problème c’est le rejet de la norme, de la hiérarchie morale. C’est cette hiérarchie qui fait s’approcher l’Homme du divin et, qui le distingue spirituellement du reste du monde animal auquel il appartient du point de vue matériel.
Mais pour expliquer ce rejet moderne de la norme morale on ne peut pas se contenter de dire que c’est à cause de la « modernité », parce que c’est le « kali yuga », ou parce qu’approche la fin des temps tant prophétisé par les dogmes abrahamiques.
Ce rejet trouve son origine dans les contradictions profondes des sociétés dites traditionnelles : des sociétés imparfaites, superstitieuses où maîtres - politiques, religieux, de rang etc. - se servaient des morales et des normes pour légitimer leur domination.
C’est la grande avancée de la modernité : avoir démasqué ces prétentions pour ce qu’elles étaient : des impostures bâties sur des mythes, des fictions. Il n’y a jamais eu de monarque élu par Dieu, ni de prophètes, ni de lignée légitime, ni de nobles, ni de castes que dans l’imaginaire des Hommes.
Mais voilà avancer n’emmène pas au bout du chemin et la modernité a amené ses propres contradictions : son manque de spiritualité, son abstraction à la technique, sa rationalisation qui nous a mené au marché libre et au capitalisme débridé.
Avancer aujourd’hui c’est intégrer l’apport du monde moderne : les sciences, les mathématiques, le matérialisme ontologique, le scepticisme, le besoin pour l’Homme de se sauver lui-même. Tout en réinstaurant une morale, une spiritualité, consciente de tous ces faits-là.