« Quand les conquérants germains et francs qui, unis aux purs Gaulois et aux Celtes, constituèrent véritablement la France eurent perdu leur vigueur, l’élément gallo-romain l’emporta, la race latine reprit le dessus ; or, cette race est faite pour la tyrannie, puisqu’elle n’a aucun ressort de conscience ; elle adore une idole imbécile, une idole de marbre ou de plâtre qu’on appelle la Loi, et au nom de cette Loi, elle subit tout ».
Ensuite Drumont l’explique cette ludique loi gallo-romaine :
« La Loi, c’est le licteur qui vient de la part de César annoncer au citoyen romain qu’il est condamné à mourir, mais qu’on lui laisse le choix du supplice ; c’est le gendarme de la Révolution qui vient parfois tout seul arrêter cinq ou six personnes et qui les conduit au Luxembourg ou à la Conciergerie, où un autre gendarme vient les chercher pour les conduire à la guillotine. Jamais il n’est entré dans la cervelle de ceux qu’on arrêtait ainsi, l’idée de commencer par tuer le gendarme. C’est là un spectacle extraordinaire et il n’y a jamais qu’en France qu’un gouvernement ait pu s’appeler, comme par une désignation constitutionnelle : la Terreur ».
L’autoritarisme et l’intolérance sont généraux chez toutes les catégories de foules, mais ils s’y présentent à des degrés fort divers ; et ici encore reparaît la notion fondamentale de la race, dominatrice des sentiments et des pensées des hommes. L’autoritarisme et l’intolérance sont surtout développés chez les foules latines. Ils le sont au point d’avoir détruit ce sentiment de l’indépendance individuelle si puissant chez l’Anglo-Saxon. Les foules latines ne sont sensibles qu’à l’indépendance collective de leur secte et la caractéristique de cette indépendance est le besoin d’asservir immédiatement et violemment à leurs croyances tous les dissidents. Chez les peuples latins, les Jacobins de tous les âges, depuis ceux de l’Inquisition, n’ont jamais pu s’élever à une autre conception de la liberté.
extraits de
Psychologie des foules
Gustave Le Bon
(1895)