Cette hystérique été le fils que son père aurait voulu avoir et elle a toujours refusé de se marier et d’être mère. Elle a voulu combattre dans les tranchées de 14-18 et se faire passer pour un « poilu »... Elle n’a rien d’une héroïne française mais tout d’une militante féministe (le féminisme constitant pour les femmes à devenir des hommes), l’avant-garde des Joy Sorman et Alice Coffin.
Les héroïnes françaises sont les femmes qui sont restées fidèles à leurs maris absents au front et, encore plus héroïques, celles qui sont restées fidèles à leurs maris revenus du front la gueule cassée : celles qui n’ont cessé de leur offrir toute la douceur possible que peut offrir la féminité, qui n’ont cessé de les aimer, de les chérir et de les embrasser. Épouses de gueules cassées... qui en parle ?
Mais les performances sportives de Marvingt, son hyper-activité, son agitation obsessionnelle, son refus de la maternité, son refus de la féminité, tout cela relève plus de la névrose et, au-delà de son cas individuel, annonçait l’indifférenciation de la post-modernité, le magma qui nous submerge aujourd’hui presque complètement.
J’adore Christophe Lannes, surtout pour son perpétuel et amusant contentieux avec l’ennemi anglois, mais avec Marvingt, pour une fois, j’ai peine à le suivre.