Il y a 50 ans, la ferme familiale de notre famille, à Mées, dans les Landes (40) près de Dax, avait tout pour être en autonomie totale : basse cour (poules oeufs coq etc...) cochons vaches (deux) cheval, âne, charette pour aller au marché le samedi, la messe le dimanche, les gosses à vélo. On mangeait ce qu’on avait cueilli au potager, et l’hiver des conserves en verre stockées au grenier. Stocké aussi, le grain pour le blé, le foin dans la grange, le maïs dans l’abri. On faisait même le vin. Et on le buvait au frais, l’été, avant de passer à table. Hips. Chats, chiens pour la chasse. Les hommes avaient le permis de chasse, des fusils qu’ils planquaient en haut des armoires, pour que les mômes n’y touchent pas, les femmes savaient coudre, entre autre. 3 générations vivaient ensemble. Aujourd’hui, tout a disparu. En 50 ans.
Ces oncles et tantes savaient à peine écrire un courrier (une femme savait écrire et a passé le permis vers 1975) les hommes ne savaient pas. Il n’y avait pas d’eau courante, juste l’eau du puits. J’ai connu la mise en route de l’eau courante. L’électricité était là. Il leur a fallu 50 ans pour nous atomiser, nous faire nous installer en ville, des métiers prestigieux, la culture, le savoir, les médocs. Le rien, en fait. On s’est bien fait baiser.