"Est-ce grave d’être endetté ?
En soi, non. Une dette publique maîtrisée peut être bénéfique, à la condition que les dépenses ainsi financées créent des richesses pour l’avenir. « La dette, c’est bien », assurait le Nobel d’économie Paul Krugman en 2015, rappelant que « le gouvernement britannique est endetté depuis au moins trois siècles, une ère qui englobe la révolution industrielle, la victoire contre Napoléon et plus encore ». Pourquoi ? Notamment parce qu’« être endetté, c’est une façon de payer pour des choses utiles », précise M. Krugman.
Il n’est pas aussi dangereux d’être endetté pour un Etat que pour une famille ou une entreprise. Lui est éternel et il peut renouveler sa dette indéfiniment. Il est en outre difficile de déterminer à partir de quel moment cela devient problématique, car cela dépend de la santé économique du pays, de la bonne rentrée des impôts ou du poids des intérêts (« la charge de la dette »).
Un pays peut être très endetté, mais être considéré comme solvable. C’est le cas du Japon (dont la dette publique atteignait 250 % du PIB en 2016), des Etats-Unis (107 %) ou de l’Allemagne (68 %). Ce qui est dangereux, c’est quand la dette échappe au contrôle de l’Etat et que les créanciers n’ont plus confiance. C’est ce qui est arrivé à la Grèce en 2010. Dès lors, les taux d’intérêt flambent, la charge de la dette augmente, le déficit suit et la dette gonfle. « Les économistes parlent d’un “effet de boule de neige”, qui se transforme alors en “avalanche” », précise M. Ecalle."
Source
https://www.lemonde.fr/politique/ar...