Jacques Sapir – Brexit : la catastrophe économique n’a pas eu lieu
31 janvier 2020 18:11, par nicolasjaisson
Le fait est que le Royaume-Uni est toujours aussi intégré qu’avant aux autres économies de l’UE. On ne ne revient pas sur quarante années d’intégration aux forceps en claquant des doigts, surtout quand il n’y a aucune déréglementation pour commencer à liquider "l’acquis communautaire" transposé en droit anglais et quand le libre échange entre le Royaume-Uni et l’UE continue comme avant. Avez-vous jamais entendu Boris Johnson parler de déréglementation ? Mois pas. Surtout dans les domaines les plus impactants de l’UE comme la santé, l’agriculture ou la finance. Farage come BJ n’ont jamais exigé la suppression des lois et réglements hérités de l’UE. Et c’ets très embêtant car cela signifie qu’ils optent pour une continuité de la vision politique qui était celle de l’UE avant le Brexit et qui continuera après. La similitude entre les grandes orientations du gouvernement anglais et celles de Bruxelles sont d’ailleurs frappantes dans les domaines de la transition énergétique, du véhicule électrique, de la surveillance électronique des populations, de l’environnement, de la 5G ou du futur de l’agriculture hors sol. On chercherait vainement une différence. L’ambition de Thatcher était de faire de l’Angleterre une Singapour européenne par la déréglementation. Là on ne sait pas très bien où se trouve la différence de vision. Donc certes libre échange il y a (sans verser un sou à Bruxelles, ce qui est un précédent remarquable qui pourrait faire école), mais rupture de politique économique ou autre, non. Donc il s’agit d’une sortie qui n’en est pas vraiment une, si ce n’est la suppression de la contribution au budget européen. En somme, on continue comme avant, dans le Marché unique, mais gratos. Reste à voir si les traités de libre-échange rêvés par BJ avec ses partenaires asiatiques ont des chances d’aboutir en dehors de l’UE qui veut d’ailleurs faire la même chose. La cacophonie se perd dans les mises en quarantaine de dizaines de millions de Chinois, en attendant les autres, et les suspensions des relations commerciales pour cause sanitaire. Signe des temps.