Pour un exemple de ce que donnait l’ancien français, voici un extrait de la fameuse chanson de Roland (XI ème siècle) :
’’Dist Blancandrins : « Pa ceste meie destre
E par la barbe ki al piz me ventelet,
L’ost des Franceis verrez sempres desfere.
Francs s’en irunt en France, la lur tere.
Quant cascuns ert a sun meillor repaire,
Carles serat ad Ais, a sa capele,
A seint Michel tendrat mult halte feste.
Vendrat li jurz, si passerat li termes,
N’orrat de nos paroles ne nuveles.
Li reis est fiers e sis curages pesmes :
De nos ostages ferat trecher les testes.
Asez est mielz qu’il i perdent les testes
Que nus perduns clere Espaigne, la bele,
Ne nus aiuns les mals ne les suffraites ! »
Dient paien : « Issi poet il ben estre ! »’’
Ce qui donne :
’’Blancandrin dit : « Par cette mienne dextre, et par la barbe qui flotte au vent sur ma poitrine, sur l’heure vous verrez l’armée des Français se défaire. Les Francs s’en iront en France : c’est leur pays. Quand ils seront rentrés chacun dans son plus cher domaine, et Charles dans Aix, sa chapelle, il tiendra, à la Saint-Michel, une très haute cour. La fête viendra, le terme passera : le roi n’entendra de nous sonner mot ni nouvelle. Il est orgueilleux et son cœur est cruel : de nos otages il fera trancher les têtes. Bien mieux vaut qu’ils y perdent leurs têtes, et que nous ne perdions pas, nous, claire Espagne la belle, et que nous n’endurions pas les maux et la détresse ! » Les païens disent : « Peut-être il dit vrai ! »’’
On voit la grosse différence. L’ancien francais à cette particularité qu’il semble plus ’’germanique’’ que l’actuel par certains aspects mais plus latin, ’’espagnol-italien’’ par d’autres.