Raphaël Glucksmann : “Arrêtons de tapiner à Doha et à Ryad”
9 janvier 2016 10:55, par Laurent Guyenot
Glucksman est un néoconservateur pur-jus. Or, les néoconservateurs sont de très virulents critiques de l’Arabie Saoudite depuis bien avant le 11-Septembre, certains (Murawiec, par exemple, mais aussi Perle et Wurmser) appelant à se débarasser des Saoud au même titre que de Saddam en Irak. C’est là un fait incontestable et remarquable, qui nous rappelle que dans "Américano-sioniste", il y a "Américain" et "Sioniste", et que les deux ne se confondent pas entièrement. Bush père (ne parlons pas du fils-à-papa) était pro-Saoud, et pas un ami d’Israël. D’après mon interprétation, les néoconservateurs cherchent depuis longtemps à saper la relation des US avec l’Arabie saoudite, pour faire d’Israël leur seul allié au Moyen-Orient. C’est pour cela qu’il y avait 15 saoudiens sur les 19 pseudo-terroristes du 11-Septembre, et que les néocons menacent constamment de déclassifier 28 pages du rapport d’enquête bidon "révélant" des complicités au sein de l’État saoudien dans ces attentats (thèse reprise par le journaliste crypto-néocon Eric Laurent). Cette opposition ancienne des néocons à l’Arabie saoudite (voir mon livre et mes articles) m’a peut-être conduit à être un peu trop indulgent vis-à-vis de l’Arabie saoudite dans certains articles, mais c’est une donnée importante pour tenter de décrypter la géopolitique profonde actuelle. Maintenant, quels sont les accords secrets aujourd’hui entre Israël et l’Arabie saoudite (+ Qatar), après 15 ans de pressions et menaces, cela reste assez mystérieux (à mes yeux). En tout cas, le petit Glucksman ne fait aucunement preuve d’indépendance dans sa diatribe contre les Saoudiens : il est au contraire dans la ligne néoconservatrice la plus traditionnelle.