L’auteur paraît avoir voulu composer une succession de quatrains à rimes pauvres — sang/flanc ; sol/vol etc. — plus ou moins croisées. Plumitif enthousiaste, il oublie de varier rimes masculines et féminines, rejoignant en matière de virtuosité poétique Grand Cornichon Malingre.
Son choix le plus intéressant demeure celui d’un mètre impair. Sans doute porté par la leçon de Verlaine, le voilà chevauchant l’heptamètre. Mais l’inspiré rimailleur peine à compter correctement les syllabes, infligeant à son lecteur des vers qu’il faut ainsi, dès la première strophe, scander pour leur donner un semblant de rythme :
Dans la nuit ton cœur s’envole
Sur le sol s’écoul’ ton sang
Dans le ciel ta voix résonne
Sur l’asphalt’ s’écras’ ton flanc
Notez la présence de deux alexandrins — « Ce ballon suspendu où un bruit sourd s’abat/Ces semeurs de terreur produit de la cabale » — le premier promenant un mystérieux sens mallarméen qui se refuse au profane. Peut-être la « cabale » du second, jamais lasse de murmurer dans l’ombre, est-elle celle des mauvais esprits qui complotent contre le fils des muses. Ceux qui conspueront le porteur de vérité « rendant un sens plus pur aux mots de la tribu. »
Réduit au silence par la souffle poétique de Fred Lefebvre, humble devant l’agilité critique de son collègue Cypel, je renonce à explorer les voies innovantes de la rhétorique du pouet, et empruntant la formule spirituelle de Ponge dans Le Pain, je brise-là.