Affaire Kerviel : le témoignage accablant pour la Société Générale et la justice
18 mai 2015 21:26, par niicolasjaissonCette "révélation" ne changera rien à la substance de l’affaire qui était naturellement connue des autorités de surveillance, notamment l’AMF et sa collègue allemande la Buba, depuis des années avant que l’affaire n’éclate. Les carnets d’ordre sont suivis en permanence par ces gens-là qui ne pouvaient ignorer les énormes prises de position de Jérôme Kerviel d’abord sur des actions allemandes, comme la compagnie d’assurance Allinanz, puis sur le future indiciel Dax. Les contrôleurs nationaux ne lançaient naturellement pas des alertes vers le trader fou de la SGCIB, mais vers sa direction des risques qui a fermé les yeux tant que le "spieler" était couvert par sa hiérarchie. Le "spiel" de Kerviel est tout à fait inhabituel dans les salles de trading de la SG qui n’a pas pour habitude de pratiquer le trading spéculatif directionnel, lui préférant les tratégies plus sophistiquées de hedging ou d’arbitrage faisant appel à des connaissances mathématiques poussées. Il faut croire que les matheux de la SG avaient décidé de briser les habitudes trop établies de cette vieille maison, qui ne tolérait que des diplômés de grandes écoles d’ingénieur aux postes de trader. Tout le monde s’est laissé grisé dans cette affaire. Mais les plus fautifs sont ceux qui ont sciemment neutralisé les systèmes de contrôle des risques dont les failles sont connues des consultants en middle office, qui restent en général à leur place sans goûter aux joies du trading en front. Kerviel s’est brûlé les ailes en suivant les objectifs de volume fixés par une direction devenue folle, parce que le désastre était assuré au vu de la stratégie suivie par le trader qui ne couvrait même pas ses positions de plusieurs milliers de contrats. Autant cette manière de trader peut être couronnée de succès dans un fonds spéculatif qui sait comment gérer les stratégies directionnelles en adaptant le volume et l’effet de levier, autant dans le cadre de la SG il y avait de quoi faire sauter la banque. C’est pourquoi quelque chose cloche dans ce qui ressemble à une manipulation en règle destinée à couvrir d’autres pertes. Car on ne sait toujours pas ce que sont devenues les positions de la SG sur les dérivés de crédit dits "subprimes". Par contre on sait que la SG a bénéficié d’un renflouement par la FED, tout comme nombre de banques françaises, britanniques ou allemandes à la même époque. Il est probable qu’une affaire suit son cours aux Etats-Unis sous l’égide de la SEC. Affaire à suivre donc.