L’action des banques centrales et le maintien de la Grèce dans la zone euro
9 mars 2015 18:06, par nicolasjaissonOn voit réapparaître un gros problème de funding des expositions en US-dollars dans les grandes banques européennes qui ont multiplié, globalisation aidant, les financements internationaux libellés en monnaie étrangères, en profitant notamment des moyens de financement offerts par les banques d’affaires américaines. Or on assiste comme en 2008 à un reflux général des liquidités en dollars vers les Etats-Unis, ce qui pose un réel problème de liquidité des positions de financement des banques européennes qui ne trouvent plus de contrepartie acheteuse du côté de leurs partenaires outre-atlantique. D’autre part le durcissement de la réglementation européenne rend plus difficiles les négociations de financement de gré à gré, type swaps de taux ou swaps de devises, depuis que les affaires de collusion entre traders de la City ont défrayé la critique, du fait des délits d’entente sur les taux Euribor ou Libor. D’où des vagues de licenciements importantes dans les banques anglaises qui purgent leurs desks de trading, mais qui du coup ralentissent leurs opérations de financement sur la zone euro, ce qui risque de poser un gros problème de liquidité des obligations souveraines. On le voit déjà avec le succès mitigé des opérations de rachat d’actifs dans le cadre du QE décidé par M Draghi, en vue de reporter les liquidités bancaires du segment obligataire vers les autres compartiments de crédits, dans des affectations plus en rapport avec la relance de l’économie réelle. Le problème est que les banques ne veulent pas se défaire de leurs titres de dettes souveraines qui paient pourtant des coupons négatifs mais qui bénéficient de la garantie BCE, comme les obligations françaises ou allemandes et ce d’autant plus que ce type d’actifs sert à financer nombre d’opérations de produits dérivés. On est donc face à une impasse en forme d’impuissance des banques centrales à relancer le financement de l’économie réelle dans des pays anémiés par la déflation. Les chiffres qui sortent sur les créations de postes aux Etats-Unis sont effectivement risibles, dans la mesure où loin de créer des emplois, le commerce de détail est en pleine récession (l’effondrement du pouvoir d’achat) et le secteur de la santé pâtit des ratés de l’Obamacare qui a rendu les coûts d’assurance santé prohibitifs pour une couverture moindre lorsque les assurés sont capables de payer. Les marchés continuent donc à vivre dans la fiction qui est entretenue par la création monétaire des banques centrales.