Jacques Sapir sur la croissance en Europe
11 octobre 2013 08:44, par Crésus
Autrement dit, on est bien d’accord, c’est l’en cours des crédits qui mène la danse, permettant l’investissement. Ouvrir ou fermer le robinet du crédit, de qui cela dépend-il ? Il est certain, Mr. Fabra ne démentira pas, que lorsque l’état est de plus en plus endetté, et qu’il se sert le premier sur les marchés financiers, ce qui reste pour le privé est moindre et plus cher. Et il suffit d’aller dans une préfecture pour voir ce que l’état fait en termes d’investissement productif. La sortie de l’étalon métallique a produit un changement de nature pour la monnaie, de nature. D’une nature concrète qui assurait une référence internationale, elle est passée à celle d’une dette sans valeur. Les chambres de clearing qui assuraient les sas de décompression entre économies nationales ont disparu. La monnaie a perdu tout lien avec le réel, au point que l’économie financière représente des volumes incommensurablement supérieurs à ceux de l’économie réelle. Autrement dit, on joue au casino un moment, et ensuite on s’achète des actifs tangibles, avant que l’on siffle l’arrêt de la course dans cette grande partie mondiale de chaises musicales. C’est un délire qui vise à accaparer tout ce qui est une valeur en ce monde, car son fondement est une cration de valeur ex-nihilo. Revenir au réel d’un étalon métallique serait pour l’économie dollar, pire que le sevrage pour un drogué invétéré. L’ennemi de la danse du vent est dans ces banques centrales qui accumulent des réserves de plus en plus grandes jusqu’à atteindre les volumes de leur économie interne, réservant le vent au vent. Celles qui ne le font pas font ipso facto le jeu de la Fed. C’est l’ours contre la baleine.