Délit de quenelle au sein du régiment !
13 septembre 2013 14:38, par Mojo RisinAujourd’hui Libération accorde une pleine page à la Quenelle. Tout y est : le salut hitlérien inversé, les sacrilèges de lieux sacrés par ce geste. Bref "La quenellisation des esprits". Il y an an j’ai lu un communiqué du président du CRIF qui actait l’échec de la stratégie d’ostracisation totale de Dieudonné. Il donnait son feu vert pour la nouvelle ligne : le combat se poursuivait sur le net avec de nouveaux moyens. Depuis, on a vu...
Chaque nouvel épisode est une leçon de communication, de lutte idéologique. Avec Dieudonné la communautarisation en marche devient lisible jusque dans les outils technologiques qui en découle. Par exemple avec ce site qui permet à tout un chacun de lancer une pétition fédératrice. Médias, justice, politique, spectacle, histoire : tout y passe. Un jour, il y aura des thèses sur le phénomène. En attendant le temps se gâte, les coups de vice s’intensifient, le tour de vis s’accélère. Il est clair que les progrès du FN (à la une du même Libération) sont une des motivations immédiates des détracteurs de la Quenelle. Au-delà nous vivons aussi une période de mutation de la perception de la Shoa. La précédente remonte à la seconde partie des seventies, quand le génocide est sorti du placard. A l’époque, Gainsbourg sortait Rock around the Bunker, Lanzmann Shoa et la loi Gayssot venait verrouiller le dispositif. La mémoire est vivante et elle rue dans les brancards. Elle passe par des stades et des enseignements différents. Alors bien sûr ces sujets prêtent à provocations, amalgames et confusions. Il y aura toujours des imbéciles pour se figer dans des postures simplistes, voir même dégueulasses. Mais pour qui veut réfléchir à tout cela c’est vraiment enrichissant.
Que l’on assiste à une pareille offensive, avec des développements stupides, à propos d’un geste populaire montre que nous assistons : à l’effondrement du PS et des projets de social-démocratie, à l’affaiblissement avancé de la droite classique, à la recomposition de notre société autour de clivages simples : ignorance contre savoir, légalité contre illégalité, mondialisation contre nationalisme, inclusion contre exclusion, mœurs soixante-huitards contre mœurs "classiques". Que va-t-il émerger de ces oppositions simplistes ? Ou ce déséquilibre permanent est-il le nouveau "modus vivendi" appelé à perdurer. Tous contre tous, communauté contre communauté, relativisme contre relativisme, mémoire contre mémoire. Donc valeur contre valeur. La guerre dans tout ses états.