Esteban soutenu par Pierre Carles ?
20 juillet 2013 18:48, par Pierre Carles
Sous-entendre que je serais proche de votre courant de pensée pour avoir publié dans « Siné mensuel » un texte proposant la grille d’analyse du sociologue Pierre Bourdieu sur le meurtre de Clément Méric par Esteban Morillo, c’est vous mettre… le doigt dans l’œil.
Le fait que Clément Méric ait été détenteur d’un fort capital culturel n’est pas incompatible avec la noblesse de son engagement militant. L’un n’empêche pas l’autre. Méric, lui, s’était engagé dans des combats en faveur des dominés. Ce n’était pas le cas de Morillo. Dans l’histoire des luttes révolutionnaires, il arrive parfois que des hommes issus des classes supérieures trahissent leur milieu d’origine pour s’engager auprès des plus démunis : Simon Trinidad, Victor Polay ou Ernesto Che Guevara ont fait ce chemin-là (et, inversement, un certain nombre de supplétifs des dictateurs néo-libéraux Pinochet et Videla étaient issus des classes populaires).
En ce qui concerne le « Dîner du Siècle », j’ai filmé pour la première fois les participants à ce raout le 27 novembre… 1991. Je réalisais alors un documentaire sur la « nomenklatura française » (qui a été finalement refusé par M6). A cette époque, aucun membre d’E et R ne manifestait devant les salons de l’Automobile Club de France, place de la Concorde, à Paris. En revanche, à l’automne 2010, lorsque le collectif « Finies les concessions » a été créé pour dénoncer la présence au « Dîner du Siècle » de journalistes pratiquant l’omerta, les membres d’E et R ont subitement rappliqué. Ils étaient minoritaires dans la foule de manifestant et sont restés à l’écart. Ce sont nos mots d’ordre, ceux du collectif « Finies les concession », qui ont été scandés par la foule des manifestants comme on peut le voir dans le film du même nom. Quelques mois plus tard, lorsque la présence policière est devenue trop forte, nous avons déserté les lieux alors que des militants d’extrême droite ont continué de s’y rendre. Ils ne connaissaient manifestement pas le mot d’ordre de la guérilla guévariste « Mords et fuis ». S’ils tenaient absolument à se précipiter dans la nasse policière, nous n’allions pas les en dissuader.
(à suivre...)