Dans le numéro « été » de Siné mensuel, Pierre Carles s’est fendu d’une tribune intitulée « L’affaire Clément Méric ».
Siné Mensuel a même titré en couverture « Pierre Carles décortique l’affaire Clément Méric ». Si Pierre Carles n’a pas suivi son raisonnement jusqu’au bout, il vient quand même de lancer une petite pierre dans la mare « antifasciste ». A l’inverse de la doxa d’extrême gauche, il en appelle à revenir aux outils marxistes pour décrypter les récents événements :
« Si les journalistes qui ont couvert le meurtre de cet étudiant de Sciences-Po avaient disposé des outils de la sociologie critique de Karl Marx ou de Pierre Bourdieu pour appréhender le monde social, ils ne s’en seraient peut-être pas tenus uniquement à ce que l’on a pu lire ou entendre ici ou là. […] En présentant la mort de Méric comme le résultat d’un combat extrême-droite / extrême-gauche, on occulte une dimension fondamentale de ce drame : la lutte des classes. Meric / Morillo, c’est aussi une rencontre sociale qui s’est très mal terminée. »
Pierre Carles, lors des rassemblements autour du « dîner du siècle » qu’il avait animé à la fin de l’année 2010 à l’occasion de la sortie de son dernier film « Fin de concession », avait été le témoin de la prise de contrôle de cette tentative de révolte populaire par les antifascistes parisiens ( CNT, Indymedia, Front de gauche et anarchistes) qui s’inquiétaient certainement de le voir reprendre le flambeau du combat initié par Emmanuel Ratier. Une occasion pour le cinéaste et documentariste de faire une sociologie précise des groupes Antifas :
« Ne faut-il pas voir dans ce drame l’incapacité de certains membres de la petite bourgeoisie intellectuelle à percevoir et à mesurer à quel point un fils d’immigré Espagnol, Esteban Morillo, n’ayant pas dépassé le stade du collège, peu qualifié professionnellement, chômeur ou exerçant occasionnellement le métier de vigile, peut se sentir profondément humilié par des jeunes perçus comme des nantis, surtout quand l’un d’entre eux – Clément Méric – est élève à Sciences-Po, fils de professeurs d’université, doté d’un fort capital linguistique et culturel ? »
Et Pierre Carles de rappeler que Clément Méric aurait très bien pu finir attablé au « dîner du Siècle » quelques années plus tard :
« Si la presse a fait un tel battage autour du meurtre de Clément Meric, ce n’est pas en raison de l’empathie qu’elle éprouvait pour un militant d’extrême-gauche, mais parce que la plupart des responsables de l’information ont intuitivement perçu cette agression comme étant dirigée contre eux, du moins dans un premiers temps. Indépendamment de toute coloration politique, c’est un des leurs qui a été tué début juin. Méric avait en effet intégré une des principales écoles de formation des élites journalistiques et politiques françaises. »
Malgré les quelques précautions d’usage, (« Les soutiens de Morillo [...] devront donc se rallier à un point de vue marxiste, forcément internationaliste »), Pierre Carles aura beaucoup de mal à échapper aux foudres de l’hystérie antifasciste qui l’accuse déjà sur les réseaux sociaux de salir la mémoire de Clément.