Le problème c’est que l’Allemagne ne veut pas assumer la responsabilité historique de mettre officiellement fin à l’Europe (parce que l’abandon de l’euro entraînera irrémédiablement la construction européenne avec).

Géant économique, l’Allemagne reste un nain politique qui a beaucoup à perdre en renonçant à une monnaie qui lui a malgré tout permis d’imposer ses vues aux autres "grands" européens, France et Angleterre compris. L’Allemagne n’a pour ainsi dire aucun rayonnement intrinsèque : la culture allemande est ignorée, la langue n’est pas parlée en dehors du pays, l’histoire et le drapeau sont entachés par les deux guerres mondiales (je parle factuellement ici, sans entrer dans l’analyse des causes). Qu’est-ce qu’il reste sans l’industrie et le levier-puissance de l’euro ?

La faillite économique du sud a également permis à l’Allemagne de s’ingérer profondément dans la structure de ces pays et d’attirer en plus la main d’œuvre qualifiée (ingénieurs, ouvriers spécialisés) qui ne peut plus trouver de débouchés. La contrepartie de cette position dominante ce sont des transferts de richesse (inévitables) qu’il devient de plus en plus difficile de justifier auprès de l’allemand moyen qui a accepté de se serrer la ceinture depuis une dizaine d’années et qui considère avec un certain mépris ces "pays du club med" à l’économie sinistrée.

L’euro-mark a dans l’ensemble formidablement profité à la croissance allemande et a contribué à accentuer son avantage compétitif sur le plan industriel, au détriment de tous les autres pays.

Je doute donc que les élites allemandes soient réellement prêtes à franchir le pas et à renoncer délibérément à cet instrument de puissance. Et comme je l’ai dit le premier qui sortira portera in fine la responsabilité historique indélébile de l’échec de l’Europe. Politiquement, l’Allemagne, qui doit déjà gérer l’héritage moral du nazisme, ne peut pas se le permettre... Quant à la France, elle n’est plus motrice en Europe, depuis que l’Allemagne a pris fait et cause pour Cameron lors du vote du budget. De plus, moralement, nos élites qui sont à l’origine de l’Europe ne feront jamais le deuil de leur rêve européen supranational. Jamais ! Même les souverainistes chez nous sont pro-européens, d’une manière ou d’une autre.

Les Allemands veulent casser l’euro ? Chiche ! Mais derrière il faudra assumer....