L’Espagne, c’est déjà plié.
Les Espagnols ont renoncé à peu près à tout ce qui compose l’identité d’une nation structurée et cohérente pour épouser les "valeurs" de l’européisme béat, du néolibéralisme et de l’hédonisme libertaire.
Je me souviens très bien de la condescendance affichée par les Espagnols du temps du zappatérisme triomphant et de la bulle immobilière spéculative, quand on nous répétait sur tous les plateaux TV qu’il fallait faire comme eux et nous endetter à mort... ils s’enorgueillissaient auprès des Américains qui en avaient fait "la Nouvelle Europe" appelée inexorablement à nous "dépasser"... tous ces reportages sur fond de partouze erasmusienne et de fiesta barcelonaise...
Bilan. Un pays couvert de béton, sacrifié sur l’autel d’une modernité factice et trompeuse (aucune richesse industrielle). Le règne de l’anomie collective.
Il ne reste plus que le football à ces pauvres espagnols que je n’ai pourtant aucune envie de plaindre, tellement ils ont intégré les valeurs et la logique du système.
Il est probable que l’Espagne sera la première grande nation européenne à éclater, le pays semblant résigné devant la perspective d’un démantèlement régionaliste. L’armée est en train de péricliter (vente des chasseurs, etc.) et il n’y a pas eu ce dernier sursaut comme en France (les détracteurs du Mali peuvent toutefois se réjouir car avec le nouveau livre blanc nous allons perdre toute notre capacité de projection). Les forces vives sont en train de quitter le pays pour l’Allemagne et le Canada.
Ceux qui interprèteraient d’ailleurs les révoltes sporadiques et les émeutes des estomacs comme des signes positifs annonciateurs d’un changement ou du "retour du peuple", se trompent sans doute lourdement.
La France, en particulier celle du Sud, pourra-t-elle échapper à la contagion ?