La lutte des classes à l’intérieur du socialisme (1830-1914)
5 avril 2012 23:48, par Vida"Patriote comme le Peuple de la Commune refusant, au nom de la fierté française, la défaite de Sedan et une soumission de Paris à l’occupant prussien, acceptées par la bourgeoisie versaillaise."
Ce passage me fait penser que Soral se réclame de la Commune et de 1793, cependant les contradictions entre ces mouvements socialisants universalistes et sa propre ligne "nationale" apparaissent :
Ainsi, à propos du féminisme, que penser des combats sur ce sujet qui s’accomplirent pendant la Commune (égalité du salaire, reconnaissance de l’union libre, etc....) ?
De même, en ce qui concerne l’immigration et "l’enracinement", que penser de cette disposition de la Constitution de 1793 qui conférait la citoyenneté à tout homme présent sur le territoire de la République depuis un (!) an, à condition qu’il vive de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse une Française, ou adopte un enfant, ou nourrisse un vieillard... ?
Je pense que la ligne défendue par Soral achoppe sur deux points :
d’une part, elle ne sort pas d’une vision somme toutes bien naïve du "bon peuple" (ah, le "bistrot de quartier"...), qui est à mettre en parallèle avec "l’ouvriérisme" qu’il dénonce par ailleurs chez les marxistes "purs" (idéalisation du prolétariat comme classe abstraite etc...)
d’autre part, elle prétend s’opposer à l’aliénation du mondialisme (pour aller vite), mais en défendant une autre aliénation, de type féodale/nationale/religieuse cette fois-ci (la vie traditionnelle, enracinée, dans le canton, etc...).
Or Marx avait déjà démontré que cette ligne politique ne tient pas face aux évolutions historiques puisque "l’Histoire ne repasse pas les plats" : la mondialisation bourgeoise ne peut-être dépassée par un retour en arrière vers une sorte de "socialisme conservateur" (terme non-péjoratif, mais simplement descriptif, selon moi, de la ligne de Soral).
Et là encore, Soral déforme ce que disait Marx, qui n’a jamais nié l’existence de "classes moyennes" diverses, faites de petits propriétaires, petits commerçants, petits agriculteurs etc... mais qui remarquait simplement que ces classes étaient vouées à disparaître du fait du capitalisme (prolétarisation inéluctable), et qui niait donc leur rôle historique pour le futur. Vu la prolétarisation quasi totale des sociétés européennes (+ de 90% de salariés ajd, bien plus qu’à son époque - rappel, prolétaire = dont la seule marchandise échangeable est sa force de travail), il avait sans doute raison.