Symptôme de la grave crise que traverse l’Europe, le chômage bat record après record et touche désormais plus de 18 millions de personnes dans la seule zone euro, au moment où les politiques d’austérité suscitent une importante contestation.
Le chômage s’est établi à 11,4% en août dans l’Union monétaire, selon l’office européen de statistiques Eurostat lundi.
Ce chiffre est stable par rapport au mois précédent, mais celui de juillet a été, lui, révisé légèrement à la hausse.
Dans le détail, quelque 18,199 millions de personnes étaient au chômage dans la zone euro en août, soit 34’000 de plus en un mois.
Ce chiffre masque toutefois une hausse considérable du nombre de demandeurs d’emploi récemment, puisqu’il était de 18,002 millions lors de la première évaluation faite par Eurostat pour le mois de juillet.
Danger réel d’atteindre 12% en 2013
Il s’agit dans tous les cas d’un niveau record. Et la situation devrait empirer dans les prochains mois, préviennent les analystes.
"Sachant que la zone euro devrait voir son économie se contracter au troisième trimestre et risque la même chose au trimestre suivant, le chômage devrait encore fortement grimper", estime l’économiste Howard Archer, d’IHS Global Insight. Il y a même "un danger réel que le chômage de la zone euro atteigne 12% en 2013", souligne-t-il.
Une situation qui risque de freiner les dépenses de consommation des ménages dans les mois prochains, d’autant plus que l’inflation a accéléré en zone euro en septembre, à 2,7%, et que les politiques d’austérité se multiplient.
Conséquence : la contestation monte en Europe. Des dizaines de milliers de manifestants ont battu le pavé ce week-end, en Espagne et au Portugal, deux pays touchés de plein fouet par la crise. En France, des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Paris pour dire non à l’Europe de "l’austérité" et au pacte européen qui doit renforcer la discipline budgétaire.
L’Espagne première victime
En un an, 2,14 millions de personnes sont venues grossir les rangs de chômeurs au sein de la zone euro, avec de fortes divergences selon les pays.
Première victime, l’Espagne. Le chômage touche une personne sur quatre (25,1%) et plus d’un jeune sur deux (52,9%), et la récession dans laquelle s’enfonce la quatrième économie de la zone euro n’offre pas de perspectives rassurantes.
En Grèce, où les dernières données disponibles datent de juin, le chômage s’est élevé à 24,4%, avec une détérioration importante en douze mois. Le chômage est passé de 17,2% à 24,4% entre juin 2011 et juin 2012 en Grèce, attestant de la dureté de la crise dans les pays les plus fragiles de la zone euro.
A l’inverse, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en Autriche (4,5%), au Luxembourg (5,2%), aux Pays-Bas (5,3%) ainsi qu’en Allemagne (5,5%).
A l’échelle des 27, le chômage a atteint 10,5% en août comme en juillet, mois où le chiffre a été révisé à la hausse. Il s’agit là encore d’un niveau record.
L’Union européenne apparaît donc dans une situation bien plus critique que les Etats-Unis ou le Japon qui ont respectivement enregistré des taux de chômage de 8,1% et de 4,1% au mois d’août.