En trois petites séquences, aussi simples que percutantes, les observateurs de la chose politique sceptiques sur le changement de paradigme du sionisme de gauche au sionisme de droite vont comprendre ce qu’ils ont du mal à avaler.
D’abord, nous avons Éric Zemmour dans sa propre émission, qui se déroule le tapis rouge à lui-même et se répète depuis le 14 octobre 2019. Il invite en général des sparring-partners ou des agents communautaires, sinon des victimes prêtes à expier leur gauchisme sur le billot, ce qui facilite la tâche. Zemmour cogne sur la gauche depuis des décennies, mais le moment où la gauche coule idéologiquement est arrivé. Le dernier clou, c’est l’association de la gauche française au terrorisme palestinien. Frauduleuse ou pas, là n’est pas le problème : c’est la méthode employée par le national-sioniste numéro un des médias.
« En France, on voit bien que la gauche prend tout de suite le parti des Palestiniens, accuse les Israéliens de brutalités, de violences, etc., de spolier le peuple palestinien, les arguments classiques de la ligne pro-palestinienne. En revanche, la droite réagit beaucoup plus de façon pro-israélienne, même du côté de Marine Le Pen. Pourquoi ? Parce que, si vous voulez, aujourd’hui, la droite qui a été gaulliste, pro-palestinienne pendant les années 70 et 80, la droite aujourd’hui voit derrière un Palestinien et derrière ces violences terroristes l’équivalent de ce qui se passe en France, et donc le djihadisme et le terrorisme islamiques. On voit en Israël un État qui se défend par analogie avec la France, un État qui se défend contre un terrorisme islamique. »
La gauche et la droite sur #IsraelPalestine. pic.twitter.com/5bhp1oie80
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) May 14, 2021
On ne reviendra pas sur la réalité des commanditaires et des profiteurs des grands attentats antifrançais des années 2015-2016. La chaîne d’amalgames « Palestiniens–terroristes–djihadistes–musulmans français » est aussi simple que fausse, puisque les Palestiniens ne font que se défendre contre l’agression, la colonisation et l’impérialisme sionistes. Mais c’est du Zemmour, du simple, de l’efficace, donc n’allons pas chercher logique grecque et sensibilité chrétienne.
Passons maintenant à la séquence numéro 2. Il s’agit d’un débat organisé par la chaîne internationale en français de Patrick Drahi, i24news, sur le conflit israélo-palestinien (on dira IP ou CIP), où Messiha, en terrain national-sioniste conquis, accuse Joffrin d’islamo-gauchisme, c’est-à-dire de complicité avec le terrorisme, pour rester dans les amalgames zemmouriens.
« Libération, comme Le Monde, comme Mediapart, comme un certain nombre d’organes de presse française de gauche, effectivement, ce sont des organes islamo-gauchistes qui de toute façon prennent fait et cause pour les Palestiniens et parfois même pour le terrorisme ! Et Libération ces dernières années est devenu le Je Suis Partout du collaborationnisme islamique. »
ÉNORME CLASH
Face à @Laurent_Joffrin sur @i24NEWS_FR je lui dis :
« @libe, @Mediapart, @lemondefr... sont devenus des officines islamogauchistes.
Et @libe est devenu le Je Suis Partout du collaborationnisme islamique ! »
Laurent Joffrin quitte le plateau.
Tout un symbole. pic.twitter.com/Ke0SAvoZYX— Jean MESSIHA (@JeanMessiha) May 13, 2021
Les chaussettes couleur drapeau israélien de Messiha ne se cachent plus, car la tendance est au lynchage de la dernière gauche antisioniste. Et encore, dire que Joffrin est un antisioniste est faux, il l’a démontré pendant des années à la tête de Libé, qui est aujourd’hui toujours, voire encore plus avec son nouveau rédacteur en chef (Dov Alfon, « ex »-agent du renseignement israélien toujours en activité), devenu pro-sioniste.
Chaque numéro en apporte la preuve, prenons le dernier exemple en date :
Ceux qui connaissent le vrai rapport des forces rigoleront devant ce gros titre, car les fusées du Hamas sont fabriquées avec les restes des bombes israéliennes non explosées et avec des tubes récupérés dans les tuyauteries des égouts. De l’autre côté, F-15, F-35, arsenal nucléaire, bombes à fragmentation, au phosphore, bref, aucune comparaison possible, mais pour Libé, « l’arsenal du Hamas » menace Israël. On se croirait revenus en 1990, avant la campagne d’invasion-destruction de l’Irak par la coalition, pardon, l’axe américano-sioniste, quand on nous racontait que Saddam Hussein avait la troisième armée du monde, puis en 2003 des armes de destruction massive...
Messiha, écarté du RN (mais pas sur une ligne antisioniste puisque les cadres sont presque tous prosionistes aujourd’hui), fait donc le boulot de porte-flingue pour Zemmour.
Passons maintenant à la troisième séquence, qui illustre à merveille le basculement de la dominance du sionisme de gauche au sionisme de droite. Et qui mieux que Julien Dray, le créateur pervers de SOS Racisme, cette machine à enfumer les immigrés, pour incarner cette bascule ?
Quand Julien Dray du PS adopte de plus en plus le discours du FN :
"le voile n'est pas n'importe quel signe religieux"#juliendray #separatisme pic.twitter.com/j7hxqrqbgA
— Le Misanthrope (@racmess) May 15, 2021
Désormais, entre Dray et Goldnadel, on ne dira pas qu’il n’y a pas une feuille de papier à cigarette, mais presque. On y arrive, en tout cas. Pour Dray, c’est le passage – en douceur – au sionisme de droite ou le cimetière des éléphants.
Ces trois séquences démontrent, entre autres, qu’un certain Alain Soral, penseur politique français pointu, avait profondément raison en 2004 lorsqu’il mettait au jour la structure du discours sur le voile. C’était le premier virage opéré par la dominance du sionisme de gauche au sionisme de droite. Aujourd’hui, elle est effective. Bien vu l’artiste !