Je vais encore agacer, mais je préfère que ce soit clair : je ne crois pas en l’innocence du peuple.
Tout au long de ma campagne, je me suis bien rendu compte que le vote FN procédait beaucoup plus d’un réflexe "anti-immigré" que d’une aspiration collective à sortir d’un système socio-économique vécu par beaucoup comme un donné imperméable au questionnement.
Pour être plus précis, j’ai vérifié que le vote FN exprimait une modalité particulière de cette poussée xénophobe qui affecte une très grande majorité des Français au point que, désormais, la seule nuance qui les distingue réside dans le degré d’hypocrisie ou de refoulement avec lequel ils expriment ce penchant.
Toutefois, hypocrite ou refoulée, cette xénophobie diffuse ne constitue pas une doctrine élaborée et cohérente mais une pulsion engendrée par le déséquilibre de notre système socio-économique auquel s’ajoute (mais les deux sont liés) le délabrement de notre imaginaire national.
Bien qu’exacerbée et instrumentalisée par la propagande anti-raciste, cette pulsion est normale. On peut même dire qu’elle est saine en ce sens qu’elle révèle, face au mondialisme, un dernier vestige de la conscience de soi. Reste à canaliser cette pulsion, à la mettre au service d’un dessin politique pour qu’elle ne se transforme pas en pulsion de mort.
Il ne faut donc pas donner dans un angélisme illusoire qui laisserait à penser que le peuple est bon et que c’est la faute de Marine Le Pen si, en centrant les débats sur cette question, elle n’a pas fait le score qu’on pouvait attendre.
Il ne faut pas non plus se résigner cyniquement à l’idée que les Français seraient d’indécrottables racistes et que la seule stratégie efficace en vue de conquérir le pouvoir consisterait à accompagner ce penchant de moins en moins refoulé.
Si l’on essayait plutôt de sortir de cette situation par le haut en ressoudant le peuple autour d’un avenir commun qui soulève l’enthousiasme et dépasse les haines ?
La Nation est cet avenir commun. Non pas seulement en paroles, comme un rideau de fumée ("ligne Buisson"), mais en actes, comme une alternative réaliste et courageuse à la fuite en avant mondialiste.
Aujourd’hui, les Français ont peur et doutent de leur pays. Il ne faut plus que la France leur soit présentée comme un vulgaire rayon du grand Marché mondial, sans maîtrise de son destin, réduit à un agrégat de communautés rivales s’écharpant pour quelques miettes. Il faut que la France leur soit à nouveau présentée comme un horizon d’espérance, comme une solution à leurs problèmes par dépassement d’eux-mêmes et par identification à un projet collectif.
Jean-Marie Le Pen répétait inlassablement : "Je ne suis pas xénophobe, je suis francophile".
Je surenchéris : "Pour n’être plus xénophobes, redevenons francophiles !"