Vouloir mettre le prolo dans une boîte, à généraliser la classe ouvrière tel un seul homme, c’est comme vouloir enfermer Dieu dans je ne sais quel concept religieux.
Peine perdue.
Autant Dieu existe avant les religions, autant le prolo est avant d’en être, un homme, dont aucun de ses semblables ne saurait connaître la teneur de ses jardins secrets, lugubres ou libérateurs.
L’homme n’est pas la somme de quelques clichés provenant d’une boite à synthétiser une classe sociale comme adorent en fabriquer les prétendus grandes écoles pour élites formatés.
Il y a déjà dans le mot prolo une forme de condescendance pour celui le formulant, que ce mot retourne d’où il vient, à savoir au diable et à ses suppôts.
Le prolo c’est quoi sinon un gars qui perd sa vie à la gagner, mais sans comprendre pourquoi car depuis l’enfance l’esprit étouffé dans le carcan sociétal, dans le tourbillon de la vie comme dirait le perse Rezvani, en tout cas l’esprit étouffé dans la mouise du vivre-ensemble à la mode des adorateurs du veau d’or qui se foutent du mérite comme de l’an 40 vu le mérite être acheté par le fric, sinon par quoi d’autre : le fric : unique étalon de notre monde pour mesurer le mérite mais le mérite usuraire, de celui qui sait gagner du flouze à n’en plus finir.
Nous sommes tous des prolos, soit des prolos payés à coup de lance-pierre, soit des prolos car chiche en conscience, ces derniers aussi perdent leur vie, pas à la gagner mais à sucer celles de ceux payés à coup de lance-pierre.
Alors oui, il y a ceux qui ne se veulent ni loup ni mouton, ils sont ceux de la troisième voie, la vraie, celle des hommes, mais que sont-ils les hommes, aujourd’hui, sans la carte-puce bancaire, sans un compte en banque, pour acheter ou vendre, ils ne sont rien d’autres, eux aussi, que des soucieux, des préoccupés, des angoissés du veau d’or, alors de grâce, qu’ils se gardent de trop la ramener.
« mes fils ne travailleront pas. Les hommes qui travaillent ne peuvent plus rêver, et c’est dans les rêves que nous vient la vérité.
Tu me demandes de labourer la terre. Devrais-je aussi prendre un poignard pour déchirer le sein de ma mère. Ô terre nourricière, en l’instant de ma mort, tu me fermerais ton cœur.
Ceux qui, parait-il, vivent leur rêve, ont des rêves frivoles, puisque vivables.
La vérité n’est pas de ce monde, le rêve, digne de ce non, ne saurait s’y inscrire, à moins d’être un caprice d’esprit soumis »
Paroles d’amérindien comanche, des plaines et des rivages.