Mardi 14 juin. Je rentre chez moi vers 16 h après une dure journée de travail, quand mon fils me presse de venir regarder dehors par la fenêtre de la chambre. Quoi encore ? Il neige, c’est ça ? Non, mais plus étrange encore : un immense drapeau tricolore est venu recouvrir un mur aveugle de l’immeuble d’en face.
Stupeur et interrogations : nous ne sommes pas le 14 juillet jour de Fête nationale, mais le 14 juin. Alors c’est peut-être pour soutenir la France à l’Euro, mais le quartier (le 13è arrondissement de Paris) est loin du Stade de France comme du Parc des Princes, et peu touristique (même si, franchement, avec ses tours, son métro aérien et la proximité du fleuve, on s’y croirait parfois à Brooklyn).
Je pense alors être tombé dans une faille spatio-temporelle dystopique : nous ne sommes pas le 14 juin 2016, mais le 14 juin 2017. Marine Le Pen vient d’être élue, et ce drapeau un peu trop visible à mon goût est le premier signe fort de son début de mandat. Façon Corée du Nord. Je n’ai rien contre le drapeau français, mais rien pour non plus. En petit format sur un produit du terroir, j’adore. Aux balcons après les attentats, pourquoi pas. Dans les stades pas de problème, je n’y vais jamais. Mais là, aussi grand, juste en face, ce drapeau bouche mon horizon de citoyen du monde, et réveille ma fibre internationaliste. Un gros doigt, que je lui fais, au risque de finir dans un goulag frontiste.