Les analyses de Mlle. Vota sont souvent intéressantes, même quand on n’en partage pas la totalité. Mais, pour le coup, la démarche semble un peu manichéenne et mérite d’être nuancée.
Il y a évidemment des séries "décadentes" sur Netflix, comme on en trouve à la télévision, mais on y déniche aussi de bonnes séries tant au niveau esthétique qu’intellectuel : The Crown, House or Cards, La Casa del Papel, ou plus récemment Tribes of Europa, que certains soupçonnent même d’être une série nationaliste ! En somme, il y a plus de contenu décadent à la télévision que sur Netflix où au moins on choisit ce que l’on regarde. Chacun est donc responsable du contenu qu’il visionne.
D’autre part, le reproche me semble un peu facile. On pourrait en dire de même sur tous les supports : télé, radio, YouTube et même la littérature, ou les perles artistiques côtoient la pire fange décadente. Dans une librairie, vous pouvez aussi bien acheter du Christine Angot qu’une oeuvre classique, selon vos inclinations, et le libraire n’y est pour rien si les oeuvres médiocres et immorales se vendent mieux : son but est de faire du profit, il offre ce que la société demande, c’est donc le peuple qui est responsable de ses goûts de chiotte (même si c’est l’oligarchie qui lui met ces idées dans la tête, le peuple est coupable d’y céder : il est donc moins victime que complice).
J’ai travaillé en librairie, et on avait effectivement pour consigne de bien mettre en valeur les livres qui se vendaient le mieux, et que je trouvais aussi nuls que décadents (50 nuances de Grey, par exemple, ou des témoignages de trans, de nymphomanes), pourtant les ménagères se les arrachaient. Juste à côté du stand "best-seller", il y avait les rayons histoire, philosophe-religions et littérature. Personne n’empêchait les gens d’y aller, et beaucoup y allaient en effet, mais minoritaires par rapport à ceux qui se précipitaient sur la m*été postmoderne.
Bref, il est tentant de croire que les élites (qui sont effectivement pourries) ont toute la responsabilité de notre déclin tandis que le peuple serait un doux troupeau sacrifié à son insu sur l’autel de Satan. Mais si le peuple n’était pas jouisseur et dépravé, toutes les menées de l’élite échoueraient. En effet, pourquoi la propagande de l’élite n’a pas prise sur nous ? Pourquoi reste-t-il des dissidents ? Parce que, contrairement à la majorité, nous utilisons notre matière grise et savons discerner le bien du mal. Le problème vient donc davantage du peuple.
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