Entre 2003 et 2007, au moins 54 mineures auraient subi des abus sexuels en Colombie de la part de soldats et mercenaires envoyés dans ce pays sud-américain par l’armée des États-Unis.
Certains d’entre eux auraient même filmé ces actes et revendu les vidéos. Voilà ce qui ressort d’un rapport élaboré par la Commission historique sur le conflit et ses victimes, mandatée par le gouvernement dans le cadre des discussions de paix avec la guérilla marxiste des FARC.
Le texte, rédigé par l’historien Renan Vega, affirme également qu’aucun des responsables de ces abus n’a été poursuivi en justice à cause « des accords bilatéraux » signés entre Bogotá et Washington et de « l’immunité diplomatique » dont bénéficient en Colombie « les fonctionnaires des États-Unis ».
Le gouvernement colombien a annoncé cette semaine prendre au sérieux ces accusations. Le défenseur du peuple, Jorge Armando Otálora, a ainsi affirmé sa volonté de faire toute la lumière sur cette affaire. Quant à l’Institut du bien-être familial, il a appelé à rechercher les jeunes femmes abusées afin qu’elles puissent porter plainte et recevoir un appui psychologique fourni par l’État.
Cité par le quotidien colombien El Tiempo, l’ambassadeur des États-Unis en Colombie, Kevin Whitaker, a déclaré que son pays ne permettait en aucun cas ce genre de conduite et que son ambassade « travaille de près avec les autorités colombiennes pour enquêter sur ces faits et prendre les sanctions disciplinaires nécessaires ». Un porte-parole de l’armée des États-Unis a cependant affirmé au site The Daily Beast qu’il n’existe pour l’heure « aucune preuve de tels crimes ».
Selon le rapport, les abus en question ont notamment eu lieu dans les villages voisins de Melgar et Girardot, situés à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Bogotá. Est notamment mentionné le viol, en 2007, d’une fillette de 12 ans par un sergent de l’armée des Etats-Unis et un mercenaire qui se trouvaient dans le pays sud-américain dans le cadre du Plan Colombie.
Contrairement aux autres cas mentionnés, celui-ci est connu depuis de longues années grâce au combat de la mère de la jeune fille, qui se bat pour que justice soit rendue à son enfant.
Outre les cas attribués à des militaires et mercenaires des États-Unis, le rapport mentionne aussi des abus sexuels commis par l’armée colombienne et les rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Selon El Tiempo, l’Unité des victimes a enregistré 8 394 cas d’abus sexuels (dont 88% concernent des femmes) commis par différents acteurs du conflit armé qui ravage la Colombie depuis des décennies.