Tant que chaque français avait, dans sa famille, un agriculteur, un paysan, chez qui il pouvait, comme position de repli, trouver le gîte et le couvert, le piège de la structure étatique n’était que partiellement refermé sur lui.
Mais il y a eu la prolétarisation.
Puis la désertification des campagnes au profit des villes.
Puis le regroupement des exploitations et la chute du nombre d’agriculteurs.
Avec aussi la mutation du travail de la terre, conduisant à l’abandon du modèle du paysan, disposant d’une petite exploitation et capable de subvenir à ses propres besoins, pour le modèle du technicien agricole, pilotant ses rendements depuis ses tableaux Excel, et armé de machines sur-puissantes et ultra-modernes.
Puis enfin, le travail de bureau.
Résultat : plus personne, plus aucun français, ou presque, ne peut tout plaquer et retourner à la ferme.
Le piège est alors total : structure étatique + perte d’autonomie sur les besoins vitaux = asservissement complet et total. Le français n’a plus de marge de manœuvre ; il est pieds et poings liés.
Imaginons le Covid-19 dans une France peuplée de nombreux paysans, faisant que chaque français pourrait se dire "oh putain, tout ce bordel commence à me faire chier sévère : je retourne à la ferme chez tonton Jean-Paul, il trouvera bien à m’aménager une petite piaule quelque part, et je me rendrai utile du mieux que je peux sur la multitude de tâches qu’il y a toujours à faire à la ferme".
Le pouvoir serait comme un con, et ne pourrait rien faire contre un peuple capable de s’abriter et de manger tout seul comme un grand.
> Il n’y a pas que l’hédonisme : il y a, comme son corollaire, la perte d’autonomie collective du peuple sur les besoins essentiels : boire, manger, se vêtir, et se protéger de la pluie et du froid.
>> Un pays, c’est d’abord ses paysans.
—
Petite incidente de fin en mode "d’où tu parles camarade ?" :
Je suis informaticien, né à Paris, père médecin, toujours vécu à Paris jusqu’en 2013 ...
Eh bien pourtant je me rappelle qu’en allant au collège le matin et en voyant tous ces gens s’agiter, les visages fermés, je me disais "c’est pas possible, la vraie vie ça ne peut pas être ça ... c’est pas possible ..."
Et aussi, souvent cette phrase résonnait dans ma tête, spontanément et mystérieusement : "un pays, c’est d’abord ses paysans".
> Comme quoi l’intuition du vrai et du juste peut prendre des chemins inattendus, et venir chez les gens les plus improbables.
Répondre à ce message