« Ce que nous faisons ce n’est pas la théorie du genre, je la refuse, c’est promouvoir les valeurs de la République et l’égalité entre les hommes et les femmes ! »
Vincent Peillon à l’Assemblée, 28 janvier 2014
Les valeurs de la République avec Valls et l’égalité hommes/femmes avec Peillon ont bon dos. Devant la levée de boucliers, pour le coup vraiment nationale, le ministre de l’Éducation tente de s’en sortir par un euphémisme. Car s’il n’est effectivement pas question littéralement de « théorie du genre » dans les textes officiels, en revanche, le concept d’« identité de genre » qui en découle est, lui, bien présent. Et ce sont les propres termes du ministre, des conceptualisateurs universitaires, des formateurs agréés, et des intervenants dans les écoles. Désamorçage d’un piège sémantique qui recouvre un noyautage très communautaire…
L’idéologie LGBT à l’assaut des enfants
« Il est à noter aussi que de nombreux intervenants, qui ont pu mener des actions de lutte de longue durée dans les établissements contre les discriminations LGBT, signalent que ce “point d’entrée” a permis d’élargir les débats aux discriminations sexistes et racistes. » (Rapport Teychenné, 2012)
La loi de décembre 2004 punissant les discriminations en général et l’injure homophobe en particulier a ouvert une brèche dans l’Éducation nationale. Le voisinage idéologique entre le pouvoir socialiste, soutenu entre autres par Pierre Bergé à travers « son » journal Le Monde, et les associations de lutte contre l’homophobie, dont le même Bergé est un important financeur, a accéléré dès 2012 la pénétration du concept de « LGBT-phobie » dans le corps enseignant et enseigné.
« Dès l’école primaire, les insultes homophobes sont malheureusement trop courantes, trop banalisées, alors que les insultes racistes, antisémites ou sexistes sont condamnées et sanctionnées par la communauté éducative. »
Sous prétexte de lutter contre le suicide des jeunes, déclenché dans plus de 30% des cas selon certaines études par la souffrance homosexuelle dans une société homophobe [1], les associations en question injectent leur substrat communautariste à travers les chemins désormais balisés par la loi, orientant ensuite les jeunes esprits, qu’elles initient, à leur avantage. Résister à cette pression devient alors sexiste, ou homophobe. Un copier-coller de la loi Gayssot, appliquée à la communauté gay politiquement active. Cette sacralisation de l’homosexualité protège l’émergence d’un nouveau pouvoir. C’est ainsi que le rapport Teychenné, commandé par Vincent Peillon à l’été 2012, sert de charge creuse et de support idéologique à la LGBTisation des esprits.
Pour qui a lu avec attention ces 82 pages, il n’y a aucun doute : la théorie de genre, toujours sous l’expression d’« identité de genre », est le postulat de cette invasion, malgré une résistance de la part lucide du corps enseignant. En effet, les directives LGBTistes demeurent peu suivies par les directeurs d’établissements. Michel Teychenné lui-même s’en désole :
« Sur l’ensemble des chefs d’établissement sondés, 12 % considèrent l’homophobie comme un problème moyen ou important. 86 % n’ont pas prévu d’actions du CESC pour la lutte contre l’homophobie. Cela peut tenir à plusieurs raisons… (dont) la crainte de réactions de certains parents d’élèves. »
Nicole Mosconi, professeure émérite en sciences de l’éducation, considère que « l’hétérosexualité n’est pas plus “naturelle” que l’homosexualité, c’est une norme historiquement créée par la société, et à transformer pour accueillir toutes les formes de sexualité ». Elle confirme les résistances :
« Les textes existent, mais leur application laisse à désirer, sans doute à cause d’une obstruction des cadres de l’Éducation nationale. »
Genre = violence
Le dossier Éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire [2] précise le concept de genre :
« Il s’agit en fait, non pas d’une théorie mais d’un concept qui fait référence aux qualités, responsabilités, rôles associés traditionnellement aux hommes et aux femmes dans une société. […] Les savoirs scientifiques issus des recherches sur le genre, les inégalités et les stéréotypes doivent nourrir les politiques publiques mises en place pour assurer l’égalité effective. Une formation au genre et à l’égalité des enseignantes et des enseignants est d’ailleurs inscrite comme objectif de cette convention. »
Malgré le rétropédalage de Peillon dans sa lettre du 29 janvier 2014 adressée aux 53 000 directeurs d’école, niant toute « introduction d’une prétendue théorie du genre », son ordre de mission à l’ex-député européen Michel Teychenné est sans appel : par deux fois, il cite « l’identité de genre », concept premier de la théorie du même nom, cette invention de chercheurs californiens dans les années 60, devenue l’outil des féministes radicales des années 70. Une arme qui leur permettra de combattre efficacement puis de détruire la norme patriarcale hétérosexuelle, origine de toutes les discriminations et violences… faites aux femmes et aux homosexuels.
Une théorie qui ne cache pas son projet politique. Réjane Sénac, chercheur au CNRS, affectée au CEVIPOF :
« La complémentarité des sexes est en effet un mythe fondateur de notre République au cœur de notre Constitution ainsi que des différentes branches du droit (pénal, fiscal, social...). Elle justifie l’exclusion des femmes de la démocratie et du pouvoir. »
Réjane Sénac souligne « la distance qu’il reste encore à parcourir pour que l’enseignement ne soit plus fondé sur le postulat de la complémentarité des sexes ». La complémentarité des sexes, produit de l’Évolution, devient un postulat… Selon cette même « scientifique », le mouvement Femen s’inscrit dans une « troisième vague du féminisme ». La chercheuse considère leurs actions comme des « performances », terme utilisé dans le monde artistique.
Éducation (homo)sexuelle à l’école
« Un de mes dadas est le petit muscle vaginal qui sert aux filles à maîtriser ce qui peut en être de l’entrée et de la sortie de ce vagin, qui reste dans l’esprit populaire et du côté des mythes, du coté de la béance permanente. [3] »
Enseignante, éducatrice, sexologue, consultante pédagogique et formatrice en éducation à la sexualité au ministère de l’Éducation nationale et au rectorat de Lyon, Chantal Picod interroge son auditoire :
« J’avais commencé mon intervention autour de grossesse précoce, IVG, porno, homophobie, hypersexualité, identité de genre, mais que fait donc l’EN… Mais que fait l’éducation nationale ? »
- Extrait du Guide d’intervention pour les collèges et lycées EduSCOL
La théorie du genre dissocie la sexualité de l’individu de sa réalité biologique : il y aurait une sexualité sociale, mouvante, expérimentale, « choisie », et une (hétéro)sexualité biologique, contraignante, socialement normative, qui ne correspondrait pas forcément à la première. Une disjonction source de questionnement, d’angoisse, de souffrance, et parfois de suicide chez les jeunes. Qui justifie la greffe conceptuelle « LGBT » sur l’éducation à la sexualité de l’Éducation nationale, établie, elle, dans un souci d’information médicale. Une seconde résistance, soumise à de fortes pressions.
« Trop souvent, l’éducation à la sexualité se réduit à une information sur la contraception, la prévention des maladies sexuellement transmissibles et/ou le sida. Les problématiques liées à l’homosexualité et à la transidentité sont peu ou pas abordées. Beaucoup d’intervenants regrettent que l’éducation à la sexualité, l’identité sexuelle ou la question de la construction du genre ne soient pas intégrées dans les programmes. » (Rapport Teychenné)
Un regret qui trouve écho page 167 du dossier Éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire, établi lors du congrès du syndicat SNUipp-FSU, majoritaire chez les enseignants du 1er degré, à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, le 16 mai 2013. Les auteurs se plaignent que dans les lycées, « les thèmes du sexisme et de l’homophobie sont peu abordés ». Et ne cachent pas leur soubassement idéologique :
« Les programmes de SVT abordent la reproduction, donc c’est le point de vue de l’hétérosexualité et de la sauvegarde de l’espèce ! »
Pêcher dans les eaux troubles de l’indifférenciation sexuelle
Geneviève Guilpain, professeure de philosophie, formatrice à l’IUFM-UPEC de Créteil :
« En prenant en compte la dimension du genre dans les différentes disciplines enseignées, eh bien forcément ils vont lire l’histoire différemment, ils vont apprendre d’autres choses en histoire des arts, s’apercevoir qu’il y a des femmes, qui ont été artistes hein et pas seulement simplement modèles. […] Qu’il n’y a pas a priori hein, des goûts distincts entre filles et garçons, et on doit être prêts à soutenir ce point de vue alors, auprès des collègues, auprès des élèves bien entendu, et auprès des parents. Alors il est certain qu’on peut se trouver, euh, un petit peu en porte-à-faux avec d’autres points de vue défendus par les familles, voire même justement par les collègues, mais il me semble nécessaire de rester ferme… et qu’on doit défendre l’idée d’une stricte égalité hein, et vraiment s’interdire toute différenciation et tout doute sur les capacités respectives des uns et des autres. »
- « Nina Palacio est enseignante en moyenne et grande section, à l’école maternelle Anne Franck à Saint-Florentin dans l’Yonne. Nina suit ses élèves de moyenne section sur deux années, ce qui lui permet de travailler en profondeur les questions de discriminations. » (Éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire)
Où l’on voit pointer le nez d’une politique d’embrigadement LGBTiste derrière les alibis égalitaire et anti-discriminatoire. Au fait, pourquoi viser l’école et le collège ? Tout simplement parce que la solidification hétérosexuelle s’opère entre 12 et 15 ans. Si les formateurs et autres intervenants issus des « associations » n’osent pas cibler trop brutalement le primaire, aux parents d’élèves sensibles, rétifs aux descentes de binômes issus des « associations » chez leurs petits, ils n’hésitent pas à asséner leurs cas pratiques et explicites à des collégiens.
Même si les cours de sexualité anti-normative ou égalitariste se heurtent souvent à un mur d’incompréhension chez ces derniers, déterminés biologiquement et du point de vue endocrinien (on ne choisit pas ses hormones) à des poussées de virilisme pour les garçons et de séduction-soumission chez les filles !
Non à l’homophobie = oui à l’homosexualité ?
« J’ai essayé à travers ce rapport, à partir de mon expérience et ma culture universitaires, de ma connaissance des réalités de terrain comme enseignant, élu local et observateur averti du mouvement LGBT depuis une trentaine d’années, mais aussi de mon action comme ancien député européen membre de l’intergroupe parlementaire “Droits des LGBT en Europe”, de cerner au plus près la réalité, tant qualitative que quantitative, de l’homophobie à l’École, de ses conséquences, et des risques que ce phénomène de discrimination méconnu fait courir à une partie significative de la population des jeunes garçons et filles scolarisés en France. »
Effectivement, Michel Teychenné ne cache pas sa proximité avec le mouvement LGBT. Confier un rapport d’une telle importance pour les enfants et les parents à un socialiste LGBT, juge et partie, n’est pas le fruit du hasard. À quoi sert un rapport, quand les conclusions figurent quasiment dans la lettre de mission ?
« Dans le cadre du festival du film gay et lesbien de Saint-Étienne, les lycéens étaient invités à une séance de cinéma suivie d’un débat avec des experts sur la lutte contre l’homophobie [4]. »
Les chiffres avancés par le socialiste (récemment exclu du PS) sont éloquents : sur 12 millions d’élèves, 730 000 souffriraient de LGBT-phobie, selon une étude de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) qui trouve 6 % des 15-18 ans attirés par le même sexe. Estimation réévaluée par Teychenné à 10 % du fait de « sous-déclarations dues à la peur de l’homophobie ». Soit plus d’un million d’élèves homosexuels ou compagnons de route de l’homosexualité ! On a même droit aux fameux 300 000 enfants de couples homosexuels, alors que les calculs sérieux évoquent un nombre maximum de 40 000.
Autre domaine où les chiffres communautaires – comment les appeler autrement – contredisent les données officielles, ce sont les cas avérés de harcèlement. Selon le rapport Darcos de 2008 sur les discriminations, 1 % des cas sont relatifs à l’homophobie… contre 40 % pour SOS Homophobie, qui passe ton temps à crier au loup, en présentant la communauté homosexuelle comme persécutée (par les hétérosexuels en général, les catholiques et les musulmans en particulier), surtout depuis les grandes manifestations contre le mariage gay de 2013.
Du biologique au social : vers une sexualité « conso »
« Les 20 élèves de CP de l’école Chevreul à Dijon ont lu Papa porte une robe. Compte-rendu par l’enseignante : “Les élèves rient aux éclats, surtout les garçons. Ils répètent le titre plusieurs fois en se regardant les uns les autres, comme s’ils n’en revenaient pas… Mais finalement, un garçon nous dit qu’il se déguise en ’maman’ à la maison…” [5] »
Rappel : personne n’est obligé de dire, en public, ce qu’il en est de son orientation sexuelle.
Exercice : imaginez la scolarité de ce petit garçon, suite à ce coming-out involontaire...
C’est par les canaux récents du harcèlement, du sexisme, et de l’homophobie, que la théorie du genre, auparavant confinée dans des études universitaires marginales, a diffusé dans les établissements scolaires. L’éducation à la sexualité, qui se limitait auparavant à l’accouplement chez les grenouilles, avec une approche biologique qui faisait rigoler en douce les élèves, est devenue beaucoup plus insidieuse, puisqu’elle ébranle le psychisme des enfants, avec toutes les différences culturelles et religieuses qu’ils charrient. Si personne ne conteste la mission de creuset mélangeur de l’école publique, cet idéal est détourné dans le but d’aplanir les différences entre garçons et filles, ce qui produirait logiquement… plus d’homosexuels des deux sexes, si l’on peut encore dire. Car c’est dans la période d’incertitude sexuelle, quand se construit le futur homme ou la future femme, à la croisée des chemins, entre la naïveté de l’enfant et le désir naissant, que la vulnérabilité est la plus grande. C’est évidemment dans cette tranche qu’opèrent les pédophiles, et les homosexuels initiateurs. Or l’homosexualité n’est pas un choix, mais le produit, au-delà de la structure parentale, de rapports sociaux et intimes, désirés ou pas. Tout sauf le résultat d’un comparatif, comme devant un rayon ou une brochure de… sexualités.
Ce que soutient pourtant Chantal Picod, formatrice pour intervenants dans les collèges et lycées de 24 académies sur 30 :
« Chaque fois effectivement que on a une problématique avec les adolescents, dans les séquences d’éducation à la sexualité, c’est de les amener à réfléchir justement à toutes les normes qui leur sont [hésitation], proposées, à tous les possibles qui leur sont proposés, pour que chacun puisse effectivement faire son choix [6]. »
« Nous essayons d’aborder ces questions le plus simplement possible, notamment au niveau du collège où nous savons qu’il s’agit d’une problématique très spécifique des garçons qui se construisent sur ne pas être féminin, ne pas être une femme, donc pas être un pédé. L’idée est donc de travailler avec les enfants pour qu’ils puissent entendre que chacun, dans son intimité, a le droit de choisir sa sexualité [7]... »
Le changement de logiciel, déjà perceptible sous la droite UMP (menace d’exclusion du député Vanneste), est devenu effectif et officiel sous le gouvernement PS. La conjonction de l’indifférenciation sexuelle et de l’acceptation des différences favorise l’expansion homosexualiste, sous la forme de ses intervenants.
« Au collège et au lycée, ces séances sont prises en charge par une équipe de personnes volontaires, constituée avec un souci de pluralité, associant autant que possible, dans la logique du projet d’établissement, enseignants et personnels d’éducation, sociaux et de santé, formés à cet effet [8]. »
L’EN nous rassure sur d’éventuels intrus :
« Les partenaires extérieurs ayant bénéficié d’une formation appropriée peuvent intervenir, dans les séances d’éducation à la sexualité dans le respect des principes, de l’éthique et des objectifs définis dans la présente circulaire. »
Conclusion du rapport Teychenné : socialiser l’homosexualité !
« Dans Le guide d’intervention pour les collèges et les lycées édité en 2008 par la DGESCO […] l’affirmation centrale est que « l’orientation sexuelle fait partie de la sphère privée », ce qui est vrai, mais qui conteste aussi à l’homosexualité sa place dans l’espace public et à l’École, renvoyant les questions LGBT à des problématiques strictement privées. »
« Une éducation sur les stéréotypes, les préjugés, les rôles ou l’identité peut être mise en place dès le plus jeune âge et de façon progressive et adaptée à l’âge des élèves afin de conduire à l’acceptation de la diversité humaine, y compris de la transidentité ou de la transgression du genre. » (Rapport Teychenné)
En la rendant plus visible, on transforme les élèves non pas en homosexuels, mais en porte-drapeaux de l’homosexualité, présentée comme une vertu, par opposition à l’homophobie. Il s’agit de produire de l’empathie homosexuelle.
Trois associations bénéficient de l’agrément de l’Éducation nationale (et de subventions publiques) : Contact, SOS Homophobie et Estim. Mais elles manquent de moyens, surtout au niveau des académies, où les intervenants sont censés dispenser leur savoir par binômes… les fameux couples LGBT dénoncés par « ceux qui veulent semer la division et la haine dans les écoles » (Peillon à l’Assemblée). La demande de subventions supplémentaires est sous-jacente. En attendant, pour les classes de primaire, les instituteurs parleront « homoparentalité » et « refus des insultes ». Ce que craignent les associations de défense de la famille, généralement religieuses, c’est l’impact sur le psychisme des enfants. Là, les chaussettes du prosélytisme ne se cachent même plus :
« Valoriser des représentations positives des LGBT en assurant une meilleure visibilité de l’homosexualité et de la transsexualité à l’École, comme c’est aujourd’hui le cas dans la société française, dans les médias et sur les réseaux sociaux. »
Le guide du formateur EduSCOL lui-même évoque de tenaces résistances :
« Le thème de l’homosexualité n’intéresse que très peu de garçons (10,79 % des garçons, 30,32 % de filles). Plusieurs garçons ont manifesté leur hostilité par un trait rageur, plusieurs points d’exclamation ou encore des expressions de rejet. »
Le guide général d’éducation à la sexualité affirme que « l’orientation sexuelle et les pratiques sexuelles font partie de la sphère privée ». Commentaire du rapporteur Teychenné :
« L’affirmation centrale est que l’orientation sexuelle fait partie de la sphère privée. Après cet énoncé, le rédacteur considère que le sujet de l’homosexualité est traité... C’est le refus affirmé de reconnaître à l’homosexualité une place dans la société. »
- Extrait d’une conférence de Nicole Mosconi
La socialisation de l’homosexualité est concomitante d’une remise en cause de l’hétérosexualité. La professeure Nicole Mosconi, qui milite pour « valoriser le rôle des femmes dans les contenus d’enseignement » (alors que les femmes sont majoritaires dans la profession), soutient que « l’hétérosexualité n’est pas plus “naturelle” que l’homosexualité, c’est une norme historiquement créée par la société, et à transformer pour accueillir toutes les formes de sexualité ».
Lutte contre l’homophobie ou attentats à la pudeur ?
Tant pis pour la pudeur enfantine, que le lobbying LGBTiste peut blesser. Le SNUipp-FSU « a l’ambition de prouver qu’éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire, c’est possible et nécessaire ! Une petite pierre sur le chemin pour rendre les citoyens du XXIème siècle plus libres, plus égaux, plus fraternels. » Et plus homosexuels ?
« La phrase “Rémi est amoureux d’Hubert” a provoqué des rires gênés, des beurk de dégoût. » (Éduquer contre l’homophobie, classe de 5e)
Dominique Richard, homosexuel vivant en couple avec un homme, est l’auteur de la pièce de théâtre Le Journal de Grosse Patate. Un récit anti-discrimination lu à des élèves de primaire, qui en débattent ensuite avec leur maitresse. Dominique précise la relation de Hubert et Rémi :
« Rémi, c’est la question du désir, avec qui il a envie d’être et avec qui il a envie d’aller plus loin, dans une relation d’amitié même si elle est tissée de sensualité. »
Parler de sexe à des enfants n’est jamais anodin. Est-ce une information ou une initiation ? Un cours sur la sensibilisation à l’homophobie, et donc à l’homosexualité, peut-il être assimilé à une « exhibition par surprise », à la limite de la légalité, devant des enfants innocents ? Faut-il les sexualiser dès le CP pour faire reculer les discriminations ?
Oui, selon Laurence Faron et Mélanie Decourt, des éditions Talents Hauts, dont les livres ont pour objet de « tordre le cou aux clichés sexistes » :
« Il n’y a pas de sujet tabou, ce qui compte c’est la façon d’en parler, d’adapter le texte et l’image à l’âge des lecteurs. On nous rétorque parfois que les enfants seraient trop petits. Mais ne le sont-ils pas pour consommer la violence de la télé et vivre dans une société qui transmet des stéréotypes sexistes du matin au soir ? Nous sommes convaincues que c’est très tôt qu’il faut accompagner les enfants vers une réflexion autonome. L’école est un lieu privilégié pour ce travail. »
Bébé issu du croisement entre le ministère de l’EN (Peillon) et celui des Droits des femmes (Vallaud-Belkacem), les ABCD de l’égalité sont des ateliers pour CP-CM2 (6 à 10 ans) destinés à « déconstruire les stéréotypes de genre ». Les écoliers, collégiens et lycéens ont droit à au moins trois séances d’éducation à la sexualité par an. Des cours d’une neutralité scientifique, désormais noyautés par une idéologie qui remet en cause l’hétérosexualité, considérée comme normativement violente.
Si personne ne songe à nier la réalité des discriminations en général et de l’homophobie en particulier, le pavé de l’éducation sexuelle à l’école est lancé au moment où toutes les études montrent la baisse quasi-programmée du niveau scolaire. Héritage ou dommage collatéral de la triple remise en cause de l’autorité institutionnelle, de l’élévation personnelle par le travail, et de la transmission du vrai savoir à l’école.
La discrimination dominants/dominés en matière éducative (aux uns le savoir dur assurant la future dominance, aux autres les programmes allégés), qui devrait être le cheval de bataille de la gauche, est étonnamment absente de ce débat. Si des enfants homosexuels sont mélangés à des enfants homophobes, en général, les rejetons des riches et ceux des pauvres ne sont pas mélangés, ou alors pas longtemps. Une ségrégation qui supprime le problème, la discrimination première, et qui ne choque pas les LGBT. Visiblement, cette violence sociale fondée sur un apartheid éducatif n’est pas considérée comme une discrimination, mais comme une donnée naturelle. L’école publique ne joue plus son rôle de correcteur des inégalités sociales et restreint, sous prétexte d’égalitarisme républicain, l’accès au vrai savoir, source du pouvoir futur, à ceux qui en auraient le plus besoin. Là réside une violence invisible, peut-être même à l’origine des discriminations secondaires (le dernier pouvoir d’enfants condamnés à la défaite sociale ?), autrement plus dangereuse : celle qui mène à la déculturation, au rabaissement moral de toute une nation. Mais c’est une autre histoire.