lors d’une conférence de presse tenue par l’ONG à Tokyo, le 6 mai
Les minorités sexuelles sont l’objet constant de propos « haineux » dans les écoles japonaises, y compris de la part de professeurs, une situation qui encourage le harcèlement et provoque des dépressions, a constaté vendredi dans un rapport l’organisation Human Rights Watch (HRW).
« La rhétorique de haine anti-LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres) est quasiment omniprésente dans les écoles japonaises, murant les élèves LGBT dans le silence, la détestation de soi et dans certains cas la violence contre soi-même », affirme l’organisation de défense des droits de l’homme.
L’étude s’appuie sur des entretiens avec des dizaines d’élèves de minorités sexuelles, ainsi que d’enseignants, lesquels sont, selon l’ONG, souvent un élément-clé du problème.
« L’absence d’information associée aux commentaires haineux généralisés tant parmi les élèves que les professeurs font que ces enfants ressentent honte et dégoût », poursuit le rapport.
La quasi-totalité des personnes interrogées « ont dit avoir entendu des propos anti-LGBT dans leur établissement, tels que “dégoûtant”, “homo” ou “ces créatures n’auraient jamais dû naître” », rapporte le rapport de Human Rights Watch.
L’organisation non gouvernementale souligne que ce type de discrimination n’est pas propre au Japon, mais que l’archipel est en retard par rapport aux États-Unis et d’autres pays occidentaux dans le domaine des droits des homosexuels et du mariage de personnes de même sexe.
Une meilleure acceptation des personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres est cependant constatée ces dernières années.
Le quartier branché de Shibuya à Tokyo a ainsi commencé à délivrer un certificat symbolique à des couples de même sexe, une avancée pour les défenseurs des droits des homosexuels au Japon. D’autres municipalités ont suivi.
Parmi les personnes interviewées, Sachi N., une lesbienne de 20 ans, dit avoir appris en classe que les relations homosexuelles étaient la principale cause du sida et étaient « une chose très bizarre ».
« Tout ce qu’on me disait et m’apprenait (sur les personnes LGBT) était négatif », a-t-elle confié. « Maintenant, je suis lesbienne et je le sais, mais j’ai toujours une vision négative de cela. Je pense toujours que c’est de ma faute et que je peux m’améliorer. »
Selon Kyle Knight, un des auteurs de l’enquête, il est crucial de travailler avec les enseignants et d’introduire les questions relatives aux minorités sexuelles dans les programmes scolaires. « Le plus important pour combattre cela est de fournir aux enseignants les informations appropriées afin que les sujets concernant les personnes LGBT soient inclus dans les cursus », a-t-il dit au cours d’une conférence de presse à Tokyo vendredi.
De manière générale, le harcèlement est très répandu et parfois très violent dans les écoles japonaises, mais les politiques gouvernementales visant à juguler ce phénomène ne traitent pas spécifiquement de la question des élèves LGBT, qui sont les plus vulnérables, affirme HRW.