Les Kurdes vont-ils être sacrifiés par Washington au profit de l’alliance entre la Turquie et les États-Unis ? Le chef du Pentagone a envoyé un signal fort à Ankara, reconnaissant « les menaces d’organisations terroristes » qui pèsent sur sa sécurité.
Au premier abord, difficile d’imaginer que la rencontre entre le secrétaire à la Défense Jim Mattis et son homologue turc Nurettin Canikli le 14 février à Bruxelles, en marge d’une réunion de l’OTAN, a permis d’apaiser les tensions entre Ankara et Washington.
Les deux hommes ont bien échangé la traditionnelle poignée de main, mais le ministre américain est resté de marbre, et n’a pas souhaité faire de déclaration à cette occasion. Ce n’est que le lendemain que le Pentagone a publié un communiqué sur la teneur de leur échange, dans lequel Jim Mattis enjoint la Turquie à effectuer « un recentrage » sur la campagne visant à vaincre Daech et ainsi empêcher que l’organisation terroriste ne puisse se reconstituer en Syrie.
Cependant Washington a semble-t-il ouvert la porte à une concession majeure en direction de son allié de l’OTAN. Selon le Pentagone, le secrétaire à la Défense a en effet reconnu lors de cette discussion « l’existence de menaces que des organisations terroristes représentent pour la sécurité nationale turque ».
Or la Turquie répète à l’envi qu’elle considère les forces kurdes – alliées de Washington – comme des organisations terroristes. C’est d’ailleurs l’opération militaire d’Ankara contre les Unités de protection du peuple (YPG) à Afrin en Syrie qui a envenimé les relations entre les deux alliés de l’OTAN.
S’il semble encore très prématuré d’envisager que les États-Unis aient fait le choix de leur allié turc au détriment des Kurdes, la rencontre entre le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson et le président turc Recep Erdoğan à Ankara le 15 février, devrait permettre d’y voir plus clair.