Quel grand écart ! Alors qu’Angela Merkel vient d’affirmer qu’elle refusera la mutualisation des dettes « aussi longtemps qu’elle vivra », le nouveau gouvernement grec demande un relâchement des conditions des plans précédents. Bref, le maintien dans l’euro demande un nouveau plan !
Un maintien qui ne sera pas gratuit
Certes, les demandes de Samaras ne sont pas celles de Tsipiras, mais le nouveau Premier Ministre a tout de même demandé aux autorités européennes un délai de deux ans pour atteindre les objectifs qui avaient été fixés en début d’année (soit il y a quelques mois à peine), avec pourtant les mêmes personnes des deux côtés de la table, signe que le plan de février était totalement irréaliste, comme beaucoup l’avaient noté, ainsi que votre serviteur sur ce blog à l’époque.
Même si Nouvelle Démocratie souhaite rester dans le cadre des plans européens, la nouvelle majorité demande un relâchement des contraintes et de réduire le déficit « sans ajouter de nouvelles coupes de salaires, de pensions et d’investissements publics ». Le vent du boulet de la défaite électorale n’est pas passé loin et les nouveaux dirigeants de la Grèce ont enfin décidé de prendre un minimum la défense de leurs compatriotes et cesser de tout accepter.
Résultat, la Grèce aurait besoin de 20 milliards de plus et de deux années supplémentaires pour atteindre les objectifs de la troïka. Bref, après le 1er plan du printemps 2010, celui de l’été 2011 et celui de ce début d’année, les dirigeants européens devraient concevoir un 4ème plan, potentiellement lors du sommet qui commence aujourd’hui. Et encore, on ne compte pas les différentes aides apportées par la BCE, qui a acheté de la dette grecque et finance les banques…
Le signe d’une impasse
La récurrence des plans démontre bien toute l’impasse de ces plans européens, qui ne résolvent rien, qui ne font que prolonger une situation intenable à coups de milliards que les peuples devront bien assumer un jour ou l’autre. Bref, les dirigeants européens achètent (très cher) du temps pour essayer de sauver la monnaie unique, refusant même de voir sortir la Grèce de peur que ce soit le domino qui entraine l’ensemble de cet édifice monétaire artificielle vers sa fin.
Ce que dit la succession des plans, c’est qu’au lieu de résoudre la solution, ils aggravent le problème. Comme l’expliquent Patrick Artus ou les « prix Nobel » d’économie Paul Krugman et Joseph Stiglitz, c’est qu’une austérité sauvage ne résoud rien. Les coupes plongent le pays dans la récession (le PIB a reculé de 7% en 2011), réduisant les recettes fiscales et annulant la majeure partie des économies ainsi réalisées. Pire, la baisse du PIB augmente le poids de la dette.
Pire, comment ne pas voir que ce « sauvetage » de la Grèce (en réalité de ses créanciers) est un puit sans fond. Nicolas Dupont-Aignan avait bien raison de s’opposer au plan à l’Assemblée Nationale début mai 2010. Tout ce qu’il avait dit s’est vérifié, au grand dam des tenants de cette Europe. Il est proprement sidérant de consacrer de telles sommes pour sauver cette monnaie unique, dont le coût global est chaque jour plus important pour les peuples d’Europe.
Il est sidérant de constater à quel point on ne souligne pas davantage le caractère illusoire et totalement dispendieux de ces plans de soutien répétés aux créanciers de la Grèce. Un jour, nous prendrons conscience des absurdités menées pour sauver l’euro…